par Daniel Allard

La Jordanie sera dorénavant connue devant l'histoire comme le 136e Membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), juste avant la Géorgie. C'est officiellement le 11 avril 2000 que la Jordanie a fait son entrée au cénacle du commerce international. Deux mois plus tard, le 14 juin, ce fut au tour de cet État de l'ancienne URSS, la Géorgie, de joindre le club et de le faire grimper à son 137e Membre.

"Cette accession mérite tout particulièrement d'être saluée étant donné les efforts notables que ce pays a faits pour passer à l'économie de marché. La Géorgie est la quatrième ex-République soviétique à accéder à l'OMC, et cela moins de quatre ans après en avoir fait la demande", a alors tenu à signaler le directeur général de l'OMC, Mike Moore.

Plus qu'à la mode, le successeur du GATT  - le General Agreement on Tarif and Trade qui avait démarré en 1947 avec 23 Membres - est loin d'avoir fini d'élargir son rayonnement. Officiellement, trente autres États sont actuellement sur la liste d'attente, de sorte que d'ici quelques années, l'OMC pourrait frôler le membership de la prestigieuse Organisation des Nations unies.

Maintenant jeune cinquantenaire, l'ONU n'est pas stagnante non plus. L'ouverture de l'Assemblée générale annuelle de septembre 1999 a vu officialiser l'arrivée des micro-îles du Pacifique Kiribati, Nauru et Tonga, faisant passer à 188 les États-nations membres des Nations unies. Trois États-nations qui avaient pourtant acquis leur indépendance du Royaume-Uni depuis des décennies, mais qui, pour diverses raisons, choisissaient encore récemment de rester en dehors du jeu de la diplomatie onusienne. Et l’une des premières décisions de la 55^e session de l’Assemblée générale, en septembre 2000, a été d’admettre Tuvalu, le petit archipel du Pacifique sud, portant ainsi le nombre d’États membres des Nations unies à 189.

OÙ FAUT-IL S'ARRÊTER?

Autant de par la lunette de l'OMC que de celle de l'ONU, le monde politique change en se complexifiant. Du côté de l'OMC, la liste des futurs adhérents est très officielle et l'entrée progressive des 30 demandeurs se fera assurément. Les gouvernements suivants négocient actuellement leur accession à l'OMC: Albanie, Algérie, Andorre, Arabie saoudite, Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Bosnie-Herzégovine, Bhoutan, Cambodge, Croatie, ex-République yougoslave de Macédoine, Fédération de Russie, Kazakhstan, Liban, Lituanie, Moldova, Népal, Oman, Ouzbékistan, République démocratique populaire lao, République populaire de Chine, Samoa, Seychelles, Soudan, Taipei chinois, Tonga, Ukraine, Vanuatu et Viet Nam.

Le suspense est manifestement plus intéressant à l'ONU. Timor et Palestine ne devraient pas trop tarder à faire monter le club dans les 190 Membres. Les surprises onusiennes iront au diapason d'une géopolitique mondiale qui ne manque pas de points chauds. Plus continent que pays, l'immense URSS n'existe plus, mais les bons observateurs savent que la Russie actuelle reste une fédération, en plusieurs points instables, de 89 provinces! Aux quatre coins du globe, des "Membres onusiens potentiels" s'affichent: Tibet, Monténégro, Pays basque, Écosse, Québec...

La planète Terre de l'an 2 000
compte quelque 5 000 peuples et ethnies

Que deviendront les cycles de négociations commerciales au sein d'une OMC à 170 États participants? L'efficacité du processus restera-t-elle au parfum de l'efficacité de l'objet qu'il veut servir: le commerce international?

Tous les peuples du monde semblent rêver de pouvoir ajouter très officiellement leur grain de sel à la machine onusienne. Mais à bientôt 200 membres, quelle sorte de démocratie nous réserve une ONU au décorum impossible? Un certain général De Gaulle avait le terme "machin" à la bouche bien avant que l'on puisse seulement imaginer que l'illustre organisation internationale regroupe tant d'acteurs. La planète Terre de l'an 2 000 compte quelque 5 000 peuples et ethnies. Faut-il 5 000 sièges à l'ONU pour qu'ils se parlent et s'entendent?