Le
Sommet des Amériques: que les alarmistes se taisent!
par Benoit Routhier |
Que
les alarmistes de tout acabit se la ferment et laissent travailler les
responsables de la tenue, à Québec, du Sommet
des Amériques en avril 2001! Ils sont déjà trop nombreux à répéter que cet événement risque de mettre Québec à feu et à sang, que la sécurité nécessaire pour un tel Sommet est au-dessus des capacités de nos corps policiers, qu'il s'agisse de la Gendarmerie royale du Canada, de la Sûreté du Québec et des policiers municipaux de la capitale et de Sainte-Foy. À l'aéroport de Québec on fait voir que l'événement est trop gros pour la capacité d'accueil de l'aéroport pourtant qualifié d'«international»! Même
les Services secrets canadiens
(SCRS) disent leurs craintes que des actes violents soient commis lors de
l'événement, par les manifestations contre la mondialisation. Le SCRS
boucle la boucle: des mesures de sécurité trop nombreuses risquent de
provoquer des réactions encore plus violentes que celles qui pourraient
survenir à la faveur d'une sécurité moins étanche. Et le juste milieu,
lui, il n'existe pas? Au
train où les déclarations alarmistes se succèdent, nous risquons
d'assister à la répétition des gaffes qui se sont produites lors de la
visite de la reine Elizabeth II
en 1964 et lors de la tenue de Québec
‘84. En 1964, la police était tellement omniprésente à la
Haute-Ville de Québec que ses membres étaient presque aussi nombreux que
les spectateurs. Et ces policiers, gonflés à bloc, faisaient preuve de
peu de discernement dans le tri entre des manifestants dangereux et des
spectateurs tranquilles. D'ailleurs des manifestants dangereux il n'y en
eut point… Pour l'été Québec '84 on se souvient que l'on attendait
tellement de monde qu'on racontait qu'il serait difficile de trouver du
stationnement même à Sainte-Foy. Et la visite se fit rare…Et l'on a
fait rire de nous… Bien sûr le Sommet des Amériques est un gros événement. Les délégations de 34 pays de l'Amérique du Nord, de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud et des Caraïbes amèneront quelque 9000 personnes; on attend 2000 journalistes et 1000 techniciens, pour un total de 12000 visiteurs. C'est beaucoup de travail de logistique, tant pour les responsables des réunions, de l'hébergement, du transport que de la sécurité. Mais le Canada et le Québec sont aussi capables que les autres pays de recevoir de la visite importante, de la bien recevoir sans pour autant tenir leurs citoyens en otage en fermant une bonne partie de la Haute-Ville. Laissons les organisateurs bien préparer le Sommet et Québec bénéficiera d'importantes retombées économiques, sans compter la publicité internationale que l'événement lui procurera. *** Les immigrants à Québec Le
Sommet des Amériques aidera au rayonnement international de la capitale,
soit. Mais, hélas, il faut reconnaître que jusqu'ici elle n'a pas su
attirer les immigrants. Les deux raisons majeures de cette situation c'est
que la région est quasi exclusivement unilingue française et la rareté
des emplois. Quand les jeunes de la région de Québec se dirigent en
masse vers Montréal et Toronto, il faut comprendre que les immigrants ne
fassent pas le chemin à l'inverse. La
capitale accueille présentement 4% des immigrants du Québec, Montréal,
70%. Le ministre responsable des Relations avec les citoyens et de
l'Immigration du Québec, M. Robert
Perreault, veut prendre les moyens pour que Québec double à toutes
fins utiles son piètre pourcentage. Il pense, pour ce faire, à une
politique d'emploi gouvernementale discriminatoire en faveur des
immigrants. Le gouvernement est déjà aux prises avec un gros problème
au niveau de ses fonctionnaires: il ne sait pas quoi faire de ses milliers
d'occasionnels et de ses «faux occasionnels». Le ministre devrait plutôt se tourner vers ses collègues responsables du développement économique. L'économie va bien dans la région et déjà plusieurs entreprises se cherchent des personnes capables de remplir des postes spécialisés, mais elles ne trouvent pas dans le bassin régional. M. Perreault devrait aider ces entreprises à convaincre des immigrants compétents de venir remplir ces postes pendant que ses collègues doubleraient d'ardeur pour favoriser la création d'emplois dans la région. Il faudrait peut-être, aussi, que le gouvernement cesse de lever le nez sur les diplômes que les immigrants ont reçus dans leur pays. *** La
saga municipale Puisqu'il
reste encore quelques chapitres à venir à la saga de la réforme
municipale dans la région de Québec, parlons-en un peu. Pour répéter
que le gouvernement québécois s'obstine à continuer sur une voie qui débouchera
sur la résolution de certaines difficultés financières de la
ville-centre, Québec, mais aussi sur l'apparition de nouveaux problèmes
qui seront plus importants que les avantages que recueillera Québec. Il
n'y a qu'à songer à la situation qui prévaudra dans les relations entre
les dirigeants des nouvelles municipalités issues des fusions et les
employés syndiqués de ces municipalités. L'arrimage sera-t-il possible?
Il faut, par exemple, prévoir une guerre sans merci si le gouvernement
envisage des modifications à l'article 46 de la loi, article qui assure
la protection des droits des travailleurs lors d'une fusion ou d'une intégration.
Et sans modification de cet article, les fusions ne pourront générer des
économies, car les nouvelles villes seront obligées de garder tous les
employés des anciennes municipalités. Le
gouvernement continue de faire fausse route car le développement économique
de la région passe bien plus par une fusion des trop nombreux organismes
soi-disant dédiés au développement régional mais qui consacrent la
majorité de leur budget, issu de subventions, à l'administration, que
par une fusion des villes. Et si on veut fusionner les villes, pour faire
des économies il faut aboutir à une seule ville pour la région. Ainsi
on élimine un palier, la Communauté
urbaine de Québec et les MRC touchées sur la Rive-Sud. Comme il est à prévoir que l'exercice gouvernemental débouchera sur plus de deux villes, nous devrons continuer de vivre avec la CUQ et les MRC, et le développement régional ne s'en portera pas mieux. On travaille pour rien! |