L’Intelligence d’affaires et le Knowledge Management

par Frédéric Turcotte
Directeur du développement stratégique
ClicNet Télécommunications Inc.

 

Deux exemples classiques: General Motors, une entreprise de la « vieille économie » avec des revenus de 184 $ milliards et une valeur au livre de 54 milliards, et Microsoft, 23 milliards de dollars de revenus et une valeur au livre de 8 milliards. Quelle est la différence principale entre ces deux sociétés outre leur secteur d’activité? Leur capitalisation boursière, une mesure assez simple à obtenir, composée du nombre d’action multiplié par la valeur de cette dernière. Résultat: 40 milliards pour GM et 362 milliards pour l’Oncle Bill et Microsoft.

Cette différence repose en grande partie sur la capacité de Microsoft de maximiser le capital intellectuel de la société, le « Intangible Assets » ou le « Intellectual Capital ». Plus une compagnie utilise et maximise le développement de ses compétences propres, sa technologie, ses innovations, bref son capital, plus elle augmente la valeur de ses actionnaires.  Les entreprises de la nouvelle économie sont pour la plupart de ce type, et c’est pourquoi la gestion de la connaissance, le Knowledge Management (KM), est si importante.

La nouvelle économie et les profonds changements qu’elle impose sur les entreprises posent de nouveaux standards de gestion. Les technologies, la circulation grandissante de l’information, la mobilité de la main d’œuvre et sa spécialisation, bref toute une série de facteurs qui rendent inévitables la gestion interne de sa connaissance.

Exploiter ses ressources et la connaissance n’est cependant pas une tâche facile à organiser et à gérer au sein de l’entreprise. Trop souvent la connaissance, dans un sens large, est complètement sous-utilisée, ce qui implique des coûts plus élevés, une productivité moins grande et un avantage concurrentiel plus faible. Pour se démarquer d’un concurrent, il faut donc développer cette habileté à maximiser son « Intangible Asset ». L’intelligence d’affaires ou la veille intervient en partie pour combler des aspects importants de la connaissance de l’environnement concurrentiel et celle relative aux concurrents, mais le KM est un aspect complémentaire très important pour le milieu des affaires d’aujourd’hui. C’est pourquoi les deux dimensions de la gestion de l’information critique d’une entreprise sont de plus en plus discutées, analysée dans les colloques, séminaires et autres, par les professionnels de l’information. Il serait un peu trop ardu de commenter la relation entre l’intelligence d’affaires vs le KM. Lequel est dominant, occupe de plus en plus les spécialistes, est en voie de devenir une véritable discipline, etc.? Contentons-nous de les poser comme deux outils de gestion utilisés par un très grand nombre de compagnies et qui se complètent très bien.

Il est assez évident que le KM requiert rapidement dans son processus d’implantation une bonne dose de technologies. Le traitement des données est la base des processus de KM tout comme l’échange de la connaissance, la gestion des documents, etc. Les infrastructures, les intranets, les outils de data mining et de data warehousing occupent une majeure partie des budgets et tout comme c’est le cas avec la veille, les dirigeants d’entreprises ont trop souvent de la difficulté à concrétiser en termes de dollars et de retour sur l’investissement ce que procure le KM. Concrètement, les logiciels de KM les plus utiles pour une entreprise sont ceux qui permettent d’extraire la connaissance des documents (basé sur la sémantique par exemple) mais aussi des individus. Ces données, une fois analysées, doivent être diffusées au sein de l’organisation. Des outils comme un intranet, un portail, des outils permettant la maximisation de la formation au sein des entreprises, etc.

Le taux des ressources intellectuelles (la connaissance) interne des entreprises qui n’est pas appliquée au processus d’affaires est de 80 %, selon l’évaluation de Ernst & Young. Il s’agit donc d’un domaine en pleine croissance au même titre que l’intelligence d’affaires. Les ressources de toutes sortes, Internet, consultants, etc., sont très nombreuses pour venir en aide aux entreprises et leur permettre de tirer le maximum de leur capital intellectuel.