Quelque
620 participants sont venus à Québec, en mars dernier, dont 150 du Brésil
seulement et environ 200 du Québec, dans le cadre du 3e
Congrès des responsables locaux de santé des Amériques.
Provenant
de 18 pays des Amériques et d'Europe, les délégués étaient invités
à approfondir un thème au goût du jour: "Santé
et qualité de vie: nos municipalités à l'heure de la
mondialisation".
Pourquoi
ce thème? "Nous voulions regarder l'impact de la mondialisation sur
la santé et le rôle de l'État sur les programmes sociaux et comment au
niveau local on peut développer des initiatives pour améliorer les
services à la populations" explique Réal
Lacombe, en très bonne connaissance de cause, puisqu'il était co-président
du comité scientifique du congrès. Avec son collègue Michel
O'Neil, il a développé le programme de l'événement et recruté les
présentateurs.
Résultat:
les assises du troisième congrès de ce réseau international auront
permis d'adopter, à l'unanimité, la "Plate-forme
de Québec 2000". Afin de transposer les principes de celle-ci en
réalisations tangibles, les délégués ont prévu développer, d'ici la
fin de l'année 2000, un plan d'action qui mise sur le capital social et
la solidarité, afin de contrer les effets de la compétitivité et de la
mondialisation, considérées comme peu enclines à supporter le progrès
social.
Réal
Lacombe, dans son travail quotidien, est un Québécois très bien connu
en tant que coordonnateur du Réseau
québécois de villes et villages en santé (RQVVS). Si Québec a reçu
ce congrès international, c'est beaucoup grâce à lui. Il est parmi les
fondateurs de l'implantation du concept des "Healthy Cities" au
Québec, dès les années 80.
Un
premier congrès s'était tenu en 1995, au Brésil, à Fortaleza. Il avait
permis au RQVVS d'établir ses premiers contacts en Amérique latine. Dès
la deuxième édition du congrès, à Cuba, à La Havane, en 1997, il fut
d'ailleurs décidé de tenir la troisième rencontre à Québec en 1999.
C'est finalement en mars 2000 que le rendez-vous de Québec se sera tenu.
"Les
gens d'Amérique latine voulaient venir à Québec d'abord pour mieux
connaître notre système de santé et également pour connaître le réseau
VVS", explique Réal Lacombe, de son bureau de Beauport, en banlieue
de Québec. "Présentement, les pays les plus demandeurs sont le Brésil,
la Colombie, le Pérou. C'est plus difficile d'implanter notre concept
dans les pays à structure centralisée, comme le Mexique, par
exemple", précise-t-il.
Le 4e congrès se tiendra à
Rosario,
en Argentine,
en 2002
Le réseau
des responsables locaux de santé des Amériques est encore une initiative
de concertation internationale jeune et sans grandes ressources.
Actuellement, il n'existe d'ailleurs pas de structure formelle entre les
congrès. "Et il y a aussi un autre réseau de colloque, tous les
deux ans, pour les "Healthy Cities"... et une démarche de
fusionner les deux est d'ailleurs en cours", ne cache pas l'expérimenté
médecin.
Pour le
RQVSS, le congrès de Québec représentait surtout un enrichissant
exercice de continuité: "Ce n'est pas un nouveau départ, c'est une
continuité dans notre volonté de favoriser les échanges de municipalité
à municipalité, de rendre disponible l'information provenant de nos 136
municipalités membres et d'apporter une assistance technique pour
exporter l'idée de VVS", détaille encore Réal Lacombe.
Le Québec
lui parait-il à l'avant-garde en la matière? "Nous ne sommes pas si
à l'avant-garde que ça! A Porto Alegre, au Brésil, le budget municipal
est adopté par environ 20 000 personnes et ce processus hautement démocratique
fonctionne depuis plus de 12 ans", s'empresse-t-il de témoigner.
L'équipe
du RQVVS - actuellement cinq personnes - est loin d'être à ses premières armes en matière de coopération
internationale. Des tentatives d'implantation du concept en Afrique de
l'Ouest ont été réalisées au début des années 90. Depuis, les liens
avec l'Europe et l'Amérique latine sont priorisés. En 1996, le RQVVS est
par ailleurs devenu "Centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS)"
Centre québécois collaborateur de l'OMS pour le
développement de Villes et Villages en santé
État de situation
Depuis
ses origines, en 1987, le Réseau
québécois de Villes et villages en santé entretient des échanges
soutenus avec des initiatives semblables ailleurs au Canada et dans
de nombreux pays du monde, de même qu'avec l'OMS. Au début, les échanges
ont été particulièrement intenses avec l'Europe où le mouvement
des Villes en santé a connu sa première impulsion officielle à
l'initiative du bureau européen de l'OMS, qui en a fait un
programme majeur dès 1987. Le Réseau québécois a été notamment
un partenaire principal, avec la France, la Belgique et la Suisse,
dans la création d'un réseau international francophone, informel
mais très actif. Une autre implication majeure au plan
international au cours de cette période aura été un projet de
trois ans pour appuyer le développement de Villes en santé en Afrique
francophone.
En
1996, ces activités internationales furent reconnues par l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation panaméricaine de la santé qui octroyait le statut de Centre
collaborateur à une association constituée du RQVVS et de l'Université
Laval (Groupe de recherche et d'intervention en promotion de la
santé). Le Centre est co-dirigé depuis par les Dr Michel
O'Neil,
professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières de
l'Université Laval, et Réal Lacombe, coordonnateur du Réseau. Le
Centre est l'un des sept au monde, dont deux sont situés en Amériques,
dans le domaine des Villes en santé.
Le
mandat particulier du Centre collaborateur s'articule autour de
quatre éléments principaux :
1.
Participer à l'élargissement des réseaux de circulation de
l'information sur les Villes et Villages en santé à l'échelle
internationale, nationale et locale.
2.
Développer des programmes individuels et de groupe pour
l'assistance-conseil et la formation dans le domaine des
indicateurs, stratégies, approches et méthodes sur les Villes et
Villages en santé.
3.
Participer à un partenariat Nord-Sud pour le développement
de programmes de formation de 1er, 2è et 3è cycles en promotion de
la santé.
4.
Développer des projets de recherche pour valider du matériel
éducatif, de communication, de gestion de projet, de même que des
indicateurs et des expériences de concertation intersectorielle et
de participation communautaire.
À
défaut d'un bilan exhaustif, voici un aperçu des réalisations du
Centre au cours des quatre dernières années :
-
Accueil
de centaines de visiteurs étrangers en voyage d'études,
individuellement et en groupe, provenant de tous les continents
et notamment d'Europe (France, Suède, Belgique, Hollande,
Russie…), d'Afrique (Sénégal, Mali, Zaïre…), d'Asie
(Japon, Malaysie…) et des Amériques (Canada, Etats-Unis mais
surtout Brésil, Mexique, Colombie, Pérou…). Outre des
intervenants locaux de municipalités ou de la santé, le Centre
a reçu des universitaires, des hauts fonctionnaires de santé et plusieurs représentants d'organismes nationaux et
internationaux (ex. la Fondation
Kellogg ou encore l'Organisation panaméricaine de la santé).
-
Collaboration
soutenue avec le service de coopération internationale du MSSS.
-
Participation
à plusieurs congrès et séminaires internationaux et nationaux
en promotion de la santé ou spécifiquement sur Villes et
Villages en santé particulièrement au Canada, en Europe
(Suisse), en Afrique ( Tunisie) et en Amérique latine (Brésil,
Mexique, Cuba, Porto Rico…).
-
Échange
continu d'information et de documentation, par téléphone,
courrier ou liens Internet, avec les autres réseaux de villes
ou de communautés en santé dans le monde, réseaux qui
regroupent maintenant plus de 3000 municipalités.
-
Publication
de neuf monographies, en trois langues.
-
Création
d'un site Internet propre au Centre (en voie de reconstruction).
-
Mise
en réseau, sur Internet, de plusieurs documents destinés au Réseau
québécois mais rendus accessible internationalement, notamment
le répertoire des projets québécois et une boîte à outils
pour la gestion des projets.
-
Organisation
d'événements internationaux comme la rencontre des réseaux de
villes/communautés en santé d'Amérique du Nord (1996), la réunion
du conseil d'administration de l'Union
internationale en promotion et éducation pour la santé
(1999) et le 3ème Congrès des responsables locaux de santé
des Amériques (2000).
-
Assistance-conseil
pour la création de réseaux de villes/communautés en santé,
notamment en Acadie, en France et au Brésil.
-
Accueil
de plusieurs stagiaires étrangers, notamment de France et du Brésil.
-
Participation
à des séminaires de formation en Amérique latine.
-
Intégration
des approches et méthodes de villes/communautés en santé dans
les programmes de formation d'étudiants étrangers, notamment
à l'Université Laval.
-
Collaboration
avec l'Organisation panaméricaine de la santé pour la révision
des programmes de formation en promotion de la santé.
-
Participation
continue à la rédaction du bulletin Research
for Healthy Cities de l'Université
de Maastricht, au Pays-Bas (également centre collaborateur
de l'OMS).
-
Participation
à un groupe de travail international de l'OPS pour l'élaboration
d'indicateurs de santé des communautés et le développement de
la recherche évaluative (notamment avec l'Université du
Nouveau-Mexique).
-
Réalisation
d'une recherche évaluative sur la mise en œuvre du mouvement
Villes et Villages en santé en Afrique francophone.
En
somme, les activités du Centre collaborateur ont été très
nombreuses et variées. Au cours de ces dernières années, elles se
sont progressivement concentrées sur la coopération et les échanges
avec l'Amérique latine, particulièrement le Brésil, où l'intérêt
et la demande vont croissant. C'est d'ailleurs ce qui a amené la
tenue du 3ème Congrès des responsables locaux de santé des Amériques
à Québec, en mars 2000. Cet événement, qui a accueilli plus de
600 participants d'une vingtaine de pays, aura occupé une bonne
partie des énergies du Centre pendant les deux années qu'ont nécessité
sa préparation. Un document majeur, la Plate-forme
de Québec, en est issu et est diffusé dans tous les pays des
Amériques. Les retombées s'annoncent déjà, avec des demandes de
plusieurs pays, comme par exemple la Colombie et le Pérou.
Finalement,
la désignation initiale de quatre ans ayant pris fin ce printemps,
une demande de renouvellement est en préparation, avec l'assurance
verbale du directeur de l'OPS lui-même, Sir
George O. Alleyne que la réponse sera positive. Pour le
prochain mandat, l'Institut national de santé publique deviendra le troisième
partenaire, avec le Réseau québécois de Villes et Villages en
santé et l'Université Laval.
Réal
Lacombe
Québec, 8 juin 2000 |
Conférence internationale
Santé 200030 septembre au 5 octobre 2000
Palais des Congrès de Montréal
www.sante2000.org |
Site du
RQVVS: http://vvs.neomedia.com
|