Le
symbole BRM de la Bourse de Montréal
se destinait, depuis l'annonce d'avril dernier, à devenir celui de ClicNet Télécommunications, une fois toutes les procédures terminées.
La société Minerais Bruneau
avait signé, le 19 avril 2000, un accord pouvant éventuellement
permettre l'acquisition de ClicNet, tout en cédant, en contrepartie, aux
actionnaires de cette dernière, le contrôle de Bruneau.
ClicNet,
une société fermée oeuvrant dans le commerce électronique à titre de
fournisseur de services et des applications en ligne (ASP), envisageait
alors de procéder par une opération communément appelée RTO (Reverse
Take Over/Prise de contrôle inversée), pour faire sa place sur le
marché de la Bourse de Montréal autour de septembre 2000.
Cet
accord préliminaire, qui engageait simplement les parties à poursuivre
leurs négociations pour en venir, à brève échéance, à un accord définitif,
ne tient plus. "Nous avons toujours le même objectif d'entrer à la
Bourse de Montréal, mais nous visons dorénavant de le faire par la
grande porte, car avec les récentes règles émisent par la CVMQ, les
avantages du RTO n’existaient plus", explique Frédéric
Turcotte, Dir. Développement stratégique de l'entreprise, qui
confirme du coup que ClicNet est actuellement à compléter un financement
privé de l’ordre de 3 millions $.
Créée
en 1994 par deux fondateurs qui ont depuis quitté l'entreprise, ClicNet
opère maintenant des bureaux à Québec et à Montréal, et profite déjà
d'une bonne réputation internationale, surtout au sein de la
Francophonie, grâce à son produit vedette Clic
Shop.
Lancée
en 1997, la solution de commerce électronique Clic Shop est devenue le
fer de lance du bureau montréalais de Clic Net, où 15 des 40 employés
de l'entreprise travaillent. Clic Shop est
une application Internet qui permet très facilement de se bâtir
en quelques minutes un catalogue et de se lancer dans le commerce électronique.
Deux caractéristiques font encore toute la force de ce produit sur les
marchés internationaux: "Clic Shop est toujours la seule application
multi-lingue et multi-devise", assure la responsable des
communications de l'entreprise, Caroline
Cloutier.
"Ces
deux particularités ont fait que lors du lancement du produit, les Français
étaient beaucoup plus enclins à utiliser Clic Shop que les Québécois.
Jusqu'à 40% de nos clients provenaient alors d'Europe", précise-t-elle.
Clic
Shop n'a pas apporté le succès à ClicNet seulement sur la scène
internationale. La société Postes
Canada a aussi été complètement séduite par les qualités de
l'application Internet. Comment obtient-on un tel contrat? "Très
simple! Nous participions tous les deux à la même foire commerciale, à
Québec. Les représentants des deux entreprises se sont rencontrés et se
sont parlés. Et c'est parti...", explique Caroline Cloutier.
Postes
Canada cherchait exactement quelque chose qui correspondait à
l'application Clic Shop de ClicNet. Signé en décembre 1999, le contrat a
était livré en février. Une vraie course contre la montre que l'équipe
de ClicNet est maintenant fière de donner en exemple.
Ce qui
est très largement commercialisé à travers tout le Canada sous la
marque de commerce Boutiques
CyberColis est en fait la version Postes Canada de Clic Shop. Postes
Canada est responsable de la commercialisation, alors que ClicNet assure
le support technique, la
formation des vendeurs et la facturation. Une propulsion en avant
formidable pour l'entreprise de Québec. Et ce contrat avec Postes Canada
ouvre à nouveau des portes en Europe, explique-t-on
Autre
beauté de la stratégie ClicNet avec ce produit: c'est gratuit pour le
tester, gratuit pour l'activer et encore gratuit pour l'opérer, tant et
aussi longtemps que vous n'obtenez pas de vente avec votre boutique électronique!
"À l'expérience, nous avons observé qu'habituellement une boutique
ne vend rien dans ses premiers six mois. Avec notre formule, le client
commence à payer 95$/mois seulement à partir du moment où il a vendu
750$ dans ce mois, ou dès qu'il dépasse 50 transactions mensuelles et
c'est comme cela pendant toute la première année", précise madame
Cloutier. Une formule qui voit semble-t-il très juste, car elle a été
reprise telle qu'elle par Postes Canada pour ses Boutiques CyberColis!
DES OUTILS POUR GROSSIR
Mais
les visées expansionnistes de l'équipe de direction de CilcNet ne
tiennent pas uniquement à ce beau succès avec Postes Canada.
L'entreprise offre déjà un large spectre des technologies de la
communication moderne. Du développement et de la commercialisation de
sites Web et de boutiques électroniques, à la programmation et l'intégration
d'outils interactifs sur mesure, de l'hébergement de serveurs et de sites
Web, à la consultation, jusqu'à la solution complète en commerce électronique,
ClicNet est déjà très diversifiée. Il y a un an, le bureau de Montréal
ne comptait que 6 personnes, ils sont 15 actuellement.
ClicNet
a jusqu'à maintenant assuré son développement uniquement par elle même.
Une des raisons de sa stratégie d'appel à l'épargne publique, c'est
justement parce qu'elle veut, entre autres, se donner les moyens de procéder
à des acquisitions. "Et pour cette prochaine étape de financement,
le chiffre sera évidemment beaucoup plus important que le 3 millions $
actuel", précise Frédéric Turcotte.
Bien
peu de gens le savent, mais Le
Relais francophone, c'est aussi une invention de ClicNet. "Nous
l'avons créé et l'opérons toujours. C'est surtout un bon outil de
marketing et c'est actuellement 3 000 membres à travers toute la
Francophonie, vous savez", ajoute Caroline Cloutier.
Mais le
monde d'Internet continue de fourmiller d'opportunités et ClicNet voit
grand. Onze millions d'acheteurs vont faire leur premier achat sur le Web
en 2000 et 45% des acheteurs sont désormais des femmes! Plus de la moitié
des ventes de commerce électronique vont se faire hors-USA en 2004! L'Amérique
latine va arriver très, très fort; alors vite les logiciels en espagnol!
Les
quatre piliers de la direction actuelle de l'entreprise, Louis-Marius
Gendreau, président, Carl
Ramsey, v.-p. marketing, Martin
Léveillé, d.-g. bureau de Québec, et Paul
Dubé, v.-p. R&D, savent aussi que l'Amérique n'est qu'un
tremplin. Actuellement, les pays où l'Internet est le plus développé se
trouvent déjà sur trois continents différents: USA, Suède, Norvège,
Finlande, Pays-Bas, Hong Kong, Canada, Inde.
Pour
mieux s'ouvrir le monde, ils ont donc décidé de s'offrir une entrée par
la grande porte, sur le marché public de la Bourse de Montréal, quelque
part en 2001.
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