Avec
un carnet de commande plein à craquer, des médailles de concours
internationaux pour ses artistes-accrobates et un personnel administratif
qui a doublé depuis janvier, le Cirque Éos de Québec, en pleine
expansion, a le vent dans les voiles.
Sur
le tableau de l’une des salles de réunion, on a installé une vingtaine
de photos qui montrent tous les angles d’un grand jardin de la banlieue
de Bruxelles. « Pour préparer un spectacle, explique Jocelyne
Chouinard, responsable des communications des Productions Éos, il faut
bien saisir l’espace que l’on a pour manœuvrer. » Dans le cadre
de l’événement Les Nuits du Cirque présenté à la fin juin dans ce
jardin d’Enghien, l’équipe d’Éos mettra en scène son spectacle Imaginaire.
Fondé
en 1997 puis incorporé en juin 1998, le Cirque Éos est né de l’idée
de Michel Rousseau, jongleur et acrobate, aujourd’hui directeur des
Productions Éos. Il enseigne toujours à l’École de Cirque de Québec
qu’il dirige depuis plusieurs années. Le Cirque Éos est une idée
qu’il a développée avec les finissants de l’École de Cirque en
1995. Aujourd’hui encore, la plupart des artistes-acrobates d’Éos
sont des anciens de son école. « L’École de Cirque de Québec
reste notre pépinière, souligne Jocelyne Chouinard, un lieu de
recrutement et d’entraînement pour nos artistes. »
Bien
encadrés, ces jeunes artistes et acrobates de la région de Québec ont
su se tailler une réputation au niveau international en gagnant de
nombreux prix : médaille d’or et prix du public pour deux des
jongleurs d’Éos lors de la rencontre annuelle de l’Association
Internationale des jongleurs en juin 98 au Nevada, médaille d’argent au
Festival International de Belgique en mars 1998, pour ne nommer que
celles-là. Dans les coulisses, les artistes sont soutenus par une équipe
de professionnels pour la mise en scène, la chorégraphie, la musique et
les costumes.
Le
spectacle Imaginaire, celui avec lequel Éos roule dans divers événements
à travers le monde, des Children
Festivals aux États-Unis jusqu’aux Nuits du Cirque en Belgique en
passant par une multitude de congrès en Amérique du Nord, regroupe entre
15 et 24 artistes pour une durée de 30 à 45 minutes selon le contexte,
le tout encadré par une équipe de production de cinq personnes. « Chaque
personnage du spectacle est travaillé de façon particulière, et chaque
artiste a une bonne place pour s’exprimer et développer son personnage »,
précise Jocelyne Chouinard.
Autour
du spectacle Imaginaire, Les Productions Éos répondent de plus en plus à
des commandes spécifiques et des demandes parfois assez particulières.
Ainsi, trois artistes-acrobates d’Éos ont fait l’aller-retour au
Japon afin de servir de figurants lors d’un défilé de mode. « C’est
une agente de Montréal qui nous avait contacté pour ce contrat, explique
Jocelyne Chouinard. Notre équipe est allé au Japon pour présenter en
arrière-scène de la parade une routine avec des grands tissus. »
Trois artistes-acrobates d’Éos
ont fait l’aller-retour au
Japon
afin de servir de figurants
lors d’un défilé de mode
Les
productions Éos fait tourner son spectacle dans les milieux corporatifs,
c’est-à-dire dans des congrès, comme ce fut le cas à Chicago cet
hiver dans le cadre d’un congrès international sur l’alimentation. Au
Québec, le cirque se produit essentiellement dans des congrès et lors de
divers festivals d’importance. « Mais, comme le fait remarquer
Jocelyne Chouinard, le marché québécois reste très limité, il faut
donc se tourner vers l’extérieur pour prendre de l’expansion. »
Pas
de compétition avec le Cirque du Soleil : le type de marché est
trop spécifique. Éos entretient néanmoins de bonnes relations avec le
Cirque du Soleil, mais pas de projets conjoints à l’horizon. Le cirque
Éos cherche davantage des partenaires de d’autres domaines pour ouvrir
ses horizons. La jeune entreprise de Québec a tendance à s’associer à
des boîtes comme Expérience International, une entreprise très
branchée sur l'Europe, qui fait dans le multimédia. Chez Éos, on y voit la possibilité de
s’ouvrir et de développer le marché européen.
Des
promoteurs européens ou américains viennent régulièrement jusqu’à
Québec pour voir le cirque en spectacle. « Les promoteurs nous
disent souvent que nous sommes plus forts au niveau performance et
originalité que la majorité des troupes d’Europe. Chez Éos, on
cherche à marier le cirque moderne et la performance. En Europe, ils
donnent plus dans le théâtral », soutient Jocelyne Chouinard.
Le
carnet de commande d’Éos se rempli, et des quatre administrateurs
qu’ils étaient en janvier, ils sont maintenant passés à huit. Les
Productions Éos, qui reçoivent certaines subventions de divers ministères
pour faire de la prospection, se sont vus accorder récemment une
subvention de 202 500$ par le Fonds de diversification de l’économie de
la Capitale, avec le mandat de créer 45 emplois d’ici mars 2001. Avec
des ventes en 1999 de l’ordre de 534 000$, cette nouvelle
subvention est un véritable tremplin vers le rayonnement international du
Cirque.
Chez
Éos, on ne semble pas avoir peur du vertige. Avec cette nouvelle
subvention, les prévisions pour l’année 2000 sont de 1 million $
de ventes, dont 80 000 $ de bénéfices, et un nombre incalculable
d’heures d’avions pour la troupe. « La demande est là,
tellement qu’on arrive pas à y répondre complètement », avoue
Jocelyne Chouinard.
Expansion
oblige, l’équipe d’Éos prépare déjà un nouveau spectacle. Et puis
même si elle vient de s’installer dans des locaux de la rue Salaberry,
la jeune entreprise culturelle songe déjà à réunir sous un même toit
les Productions Éos et l’École de Cirque, là où les artistes d’Éos
s’entraînent.
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