(CMQC) L’Auberge l’Autre Jardin, qui ouvrira ses portes en juin prochain, est un projet consistant à recycler un ancien immeuble d’architecture industrielle acquis en 1998. En plus d’y aménager une auberge de 30 chambres propriété à 100% de Carrefour Tiers-Monde, l’ONG qui a fait son nom dans la sensibilisation à la coopération internationale y aménagera également ses propres bureaux. Ce petit hôtel offrira les services dits de «bureau à l’hôtel».

« L’auberge se veut une terre d’accueil apaisante ouverte sur le Monde. Tout a été conçu pour créer une atmosphère feutrée propre autant à celui venu travailler qu’à celui venu se reposer. Outre le besoin d’un gîte confortable et accueillant, la clientèle d’affaires y trouvera la flexibilité des espaces et du mobilier pour pouvoir tant y travailler que s’y reposer.  L’aménagement a été prévu pour recréer l’ambiance d’un vaste jardin. La formule «couette et café» (Bed and breakfast) a été retenue avec un petit déjeuner sous forme de buffet. Le prix des chambres se situera entre 70$ et 120$,  s’il s’agit d’une chambre budget ou d’une suite. Les chambres sont conçues selon l’approche bureau à l’hôtel (espace de travail et accès Internet dans chaque chambre, boîtes vocales, services de secrétariat) et occupera ainsi un créneau peu exploité à Québec », explique Michel Leclerc, un homme bien connu du milieu de la coopération internationale à Québec et un des artisants de cette iitiative.

UN PROJET D’ÉCONOMIE SOCIALE INNOVATEUR ET STRUCTURANT...

Qu’est-ce qui distingue ce projet d’un projet d’hôtel conventionnel? Pour la première fois au Québec, il s’agit d’une projet d’économie sociale dans le domaine hôtelier. En effet, le propriétaire unique est Carrefour Tiers-Monde. Cet organisme se consacre depuis 30 ans à la sensibilisation, dans la grande région de Québec, des citoyens et citoyennes, jeunes ou adultes, au phénomène de la mondialisation et à l’importance d’un développement juste et durable pour toute l’humanité. Carrefour Tiers-Monde est bien implanté dans son milieu et rejoint annuellement plusieurs milliers de personnes par ses nombreuses activités et services accessibles gratuitement.

Cette idée, originale, sans doute au Québec, mais déjà existante, ailleurs, comme en Afrique, est venue à  la suite de la fermeture, en 1995, du programme fédéral qui assurait jusqu’alors la couverture des frais généraux de Carrefour Tiers-Monde. Les membres de Carrefour Tiers-Monde ont alors cherché un moyen de pallier au problème de financement récurrent. Dans ce contexte, il fut décidé de mettre sur pied un projet d’économie sociale dont la finalité première est d’assurer la pérennité de son action auprès du grand public tout en lui procurant plus d’autonomie financière.

Comme cet hôtel est détenu par Carrefour Tiers-Monde, les bénéfices générés par son exploitation seront remis à son propriétaire pour couvrir ses frais de fonctionnement. La particularité d’associer étroitement Carrefour Tiers-Monde à l’exploitation de l’Auberge permet :

• l’optimisation de certaines ressources (salles de réunion, plate-forme Internet, équipement de secrétariat, ressources humaines) permettant d’offrir le service de bureau à l’hôtel dans un petit établissement trois étoiles;

• un concept inédit de mise en marché : la vocation internationale de Carrefour Tiers-Monde confère à l’Auberge une facture particulière et, de ce fait, constitue une force d’attraction de la clientèle dite « ouverte sur le monde ».

En plus de renouveler le concept d’économie sociale - habituellement associé à la mise en place de services sociaux délaissés par l’État - et d’innover au plan organisationnel et commercial, ce projet est considéré par la communauté régionale comme structurant à plus d’un égard:

• il créera des emplois, dans un quartier encore désoeuvré, pour une population marginalisée;

• il contribuera à la revitalisation architecturale de ce quartier;

• il complètera, par sa dimension internationale apportée par Carrefour Tiers-Monde, un pôle d’éducation qui se développe depuis peu dans le quartier avec l’École nationale d’administration publique,  l’Université du Québec, la Télé-Université, le regroupement des Écoles-ateliers en métiers d’art;

• il servira de modèle à d’autres organismes à but non lucratif pour atteindre l’autonomie financière. Ce projet est en effet très suivi par la communauté à ce propos et, plus particulièrement, par la Fondation communautaire du Grand Québec. D’autre part, nous avons déjà été approchés par des organismes de Jonquière et de Sherbrooke qui étudient la possibilité de développer un projet similaire dans leurs régions respectives;

• il permettra, dans un avenir prochain, d’apporter un appui à des initiatives de cet ordre dans les pays en développement. À ce propos, nous avons pour projet de créer un réseau mondial d’auberges équitables et écologiques.

...FORTEMENT APPUYÉ PAR LE MILIEU

Pour toutes ces raisons, ce projet est fortement appuyé par l’ensemble des intervenants socio-économiques de la région de Québec. Il a été retenu parmi les douze priorités de développement de la région de Québec par les délégués à l’Assemblée régionale de concertation du Fonds d’interventions régionales et s’est classé dans les trois premiers projets retenus par le Comité régional de l’économie sociale. Ce projet a également été approuvé à l’unanimité au Conseil de ville de Québec et s’est mérité le 1er prix, dans la catégorie Innovation sociale, au Concours québécois en entrepreneurship, édition 1999.

Cet appui massif a déjà permis d’obtenir, auprès d’organismes du milieu tels que la Caisse d’économie des travailleuses et travailleurs, la Ville de Québec (par le biais de la SOMHADEC), le Centre local de développement, le Comité régional de l’économie sociale, le Conseil régional de concertation et développement de la région de Québec, l’archevêché de Québec, des communautés religieuses, la somme nécessaire pour faire l’acquisition d’un immeuble faisant partie du patrimoine du quartier Saint-Roch et réaliser les travaux de restauration. Le projet a aussi reçu l’appui important de plusieurs ministres du gouvernement québécois mais aussi d’organismes comme le Fonds de lutte contre la pauvreté et Développement des ressources humaines Canada.

UN ENVIRONNEMENT EN PLEIN EFFERVESCENCE

Sis au 365 du boulevard Charest Est, cet hôtel de catégorie trois étoiles (type européen) est destiné à une clientèle autant pour des séjours d’affaires que de tourisme d’agrément. Il est situé dans un quartier en pleine effervescence de la Ville de Québec, ville du patrimoine mondial.

En effet, depuis quelques années, les projets de rénovation n’ont pas manqué et continuent dans l’environnement immédiat de cet hôtel.  D’abord, il y eût la restauration de la Gare ferroviaire principale de Québec et également terminus des autocars interurbains et la construction du palais de Justice.  Plus tard, la Ville de Québec a été l’instigatrice de nombreux projets à caractère culturel et scientifique:  le projet Méduse (centre d’expression en arts), l’École nationale d’administration publique, les écoles d’arts et métiers, l’École des Arts visuels de l’Université Laval (ancien édifice industriel du début du siècle dernier), la Bibliothèque Gabrielle-Roy, la plus vaste de Québec, ainsi que l’édifice de la Centrale de l’enseignement du Québec et la Maison de la Coopération, le tout prenant pour pivot un parc, le Jardin St-Roch dont le nom a inspiré celui donné à cet hôtel: Auberge L’Autre Jardin.

Dans le même environnement, on retrouve des centres de haute technologie récemment réalisés ou en voie de réalisation (anciens édifices du journal Le Soleil, Lafayette, Syndicat), les Ateliers du roulement à bille (vaste complexe pour les artistes), bientôt le siège social de l’Université du Québec et de Télé-Université.  Pour couronner le tout, le mail Saint-Roch connaîtra bientôt une transformation majeure. Logeant dans un ancien bâtiment industriel, l’Auberge participe donc étroitement à la revalorisation du quartier qui en fera un des plus modernes et des plus dynamiques de la Capitale du Québec.