Projet de
"Super Site Web" pour la région Le www.quebec-capitale.com sera-t-il à la hauteur? par Daniel Allard
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Les mois de l'année 1999
ont été l'occasion de voir naître des sites web comme jamais auparavant
dans l'histoire de la technologie. Le monde en ébullition des NTIC
forcera sans aucun doute l'année 2000 à produire encore bien plus de
nouveaux sites web que l'année record qui vient de se terminer. La
question de la pertinence d'un site web ne se pose d'ailleurs même plus!
La vraie question, c'est quand et de quel type? En septembre dernier, à
l'occasion de son discours de la rentrée, le président de la Chambre
de commerce et d'industrie du Québec métropolitain (CCIQM), Pierre
Shedleur, lançait un défi à la région toute entière: "se
brancher pour prospérer et pour faire de Québec la capitale du web,
d'ici 2002." Depuis, un comité inter-chambre regroupant les six
chambres de commerce des deux rives de la région de Québec se concertent
et préparent elles aussi des actions convergeantes en matière
d’Internet. Une importante demande d’aide financière - de plusieurs
millions $ selon nos informations - a d’ailleurs été déposée auprès
de Développement économique
Canada, le 31 décembre dernier, afin de respecter la date de tombée
de la phase 1 de la dernière initiative du gouvernement fédéral
canadien en la matière, un Fonds de 50M$ (voir le dossier de COMMERCE
MONDE #14, de décembre 1999). Le même mois de septembre
de 1999 aura aussi vu la Ville de
Québec (www.ville.quebec.qc.ca)
lancer son propre site web - d'abord annoncé pour début 1999, puis pour
mai 1999, il sera finalement officiellement lancé en septembre de l'année
dernière -, après un investissement initial de 69 000$. Dans cette récente et
normale effervescance régionale face aux NTIC, plusieurs organismes de la
région de Québec ont aussi consolidé leur intérêt à doter la région
entière d'un autre site internet, cette fois de type portail, afin
notamment de donner à la capitale québécoise une méga-vitrine au
niveau international. Ce projet a déjà fait l'objet de plusiers études
au cours de 1998 et 1999 (voir note 1-2 et 3). L'échéancier initial prévoyait
d’ailleurs la "mise en ondes" du site www.quebec-capitale.com
pour mai 1999, avec la mise en place de la phase II dès septembre de la même
année! Bientôt un an de retard... Sur le web, une éternité! Bientôt un an de retard... Le financement est évidemment
la première raison avancée pour expliquer ce retard. Ce n’est
effectivement que depuis le 18 novembre dernier, suite à l'annonce du
ministère des Régions d'accorder une aide de 170 000$ puisée dans le
Fonds de diversification de l'économie de la capitale, que le Conseil régional de concertation et développement de la région de Québec
(CRCDQ) et la Société de
promotion économique du Québec métropolitain (SPEQM) agissent
conjointement comme promoteurs conjoints de ce projet régional, ont
attaché cette première partie du budget pour démarrer ce nouveau
portail. Ce 170 000$ servira à
couvrir les dépenses liées à la production et au développement du
site. Une somme qui équivaut à 46% du coût estimé du projet établit
à 370 000$. Afin de compléter ce montage financier, 85 000$ sont attendu
du gouvernement fédéral (toujours en attente de confirmation), 30 000$
du Groupe pour le rayonnement
international de la région de Québec -GRI- (acquis en principe) et
85 000$ des commanditaires et des publicitaires. ‘’La réalité, c’est
qu’aussitôt que j’aurai la confirmation de la contribution du fédéral
- et malheureusement mon évaluation me fait penser que c’est une
question de plusieurs mois encore! - je démarrerai alors l’opération
des invitations à soumissionner pour donner le contrat, parmi une liste
fermée de soumissionnaires, que nous limiterons à environ une dizaine.
Vous vous en doutez, plusieurs firmes de la région nous ont déjà fait
connaître leur intention de soumissionner et nous pensons que la procédure
d’appel d’offre sur invitation sera adéquate’’, explique en
entrevue téléphonique Guy Rivest,
responsable du dossier à la SPEQM et qui précise aussi qu’avec le 170
000$ du Québec plus le 85 000$ du fédéral et le 30 000$ du GRI, donc
avec les premiers 285 000$ du budget actuel, il pourra financer toute la
conception, le démarrage et au moins la première année d’opération.
‘’L’argent du privé et des commandites ne nous est pas
indispensable pour partir la machine’’, résume-t-il. Le site
www.quebec-capitale.com devrait donc voir le jour sur la toile avant 2001,
si tout va bien! Il se sera cependant écoulé près de 3 ans entre la création
de ce projet et l'obtention de la première partie de son financement. La
question vient toute seule: cette initiative est-elle encore pertinente
dans son intégralité de départ? Comment sera-t-elle ajustée au paysage
sans cesse changeant d'Internet? HISTOIRE D’UN PORTAIL NÉ DÈS 1994: www.webquebec.com À Québec, dès 1994, le
site www.webquebec.com fut l'un des premiers sites web de type
"portail" - le premier au Québec, soutient son concepteur -
à voir le jour sur la "grande toile" et à avoir été
conçu, réalisé et développé dans la région et pour la région de Québec.
Son concepteur, Daniel Moisan,
était alors à la tête de ses jeunes entreprises Macadam
informatique et Moisan
Marketing. Les mêmes entreprises qui avaient, tôt l’année
suivante, convaincu les autorités de l'époque de la Ville de Québec de
se lancer dans l'aventure Internet. "Bien peu de personnes se
souviennent de cela aujourd'hui, mais pendant près de deux ans, dès le début
de l'automne 1995, notre site webquebec.com hébergeait officiellement le
premier site Internet de la Ville de Québec. Même La
Gazette de Québec y était publiée. Mais finalement, comme nous
avions convenu du caractère projet-pilote de la chose, la ville a ensuite
procédé par appel d’offre" se souvient-il. Comment est-il arrivé là?
"C'est une conférence donné par Mario Cantin, début 1994, qui nous a fait allumer. Par une amie, je
me fais suggérer de proposer au Musée
de la Civilisation la même chose que ce qui se passait déjà pour le
Musée du Louvres, en France.
Cette bonne idée, que je n'ai finalement pas respectée à la lettre, m'a
plutôt permis d'imaginer le concept de webquebec.com, que nous avons très
rapidement mis en application avec des acolites comme Pierre
Drolet - qui est encore avec moi d'ailleurs - et d'autres partenaires
de la première heure, François Moisan et Suzanne
White." Le site www.webquebec.com,
un portail à sa façon bien que cette expression n'existait pas à l'époque,
fut donc lancé sur le web en septembre-octobre de 1994. Fort de cette expérience,
et après la lecture de l’ensemble du dossier, nous avons demandé à
Daniel Moisan comment il évaluait les chances que le site
www.quebec-capitale.com soit à la hauteur des enjeux de l’an 2000 sur
le web. "Le paysage change
constamment. Il faut s'adapter et à la fois créer les tendances. Pour ce
qui est de l'initiative du CRCDQ et de la SPEQM, il y a plusieurs facteurs
à considérer. Quel sera le contenu de ce site exactement? Aura-t-il une
vocation commerciale ou communautaire? 170 000$, est-ce une subvention récurrente
et y aura-t-il d'autres sources de financement?" À écouter les propos de
Daniel Moisan, aujourd'hui toujours président de Moisan Marketing et
aussi président de sa filiale Compucius
technologies Internet, l’analyse semble banaliser Internet. Pourquoi
parle-t-il de ce nouveau médium qu'est Internet comme d'une simple
entreprise? "C'est exactement ce
que c'est rendu. Pourquoi croyez-vous que des géants comme Quebecor
(www.canoe.qc.ca) et
Vidéotron (www.infinit.net)
ont attendu si longtemps avant de lancer leur communauté virtuelle?
L'argent! Avant, Internet c'était un réseau où les universitaires s'échangeaient
des connaissances. Ensuite, c'est devenu un peu comme PBS ou The learning channel.
Maintenant que les gros joueurs ont compris le principe et embarqué dans
le bal, "it's a new ball
game", avance-t-il. "Les gens sont devenus
difficiles et sélectifs avec Internet, et tous les promoteurs s'arrachent
les cheveux pour trouver le nouveau truc qui leur amènera une pluie de
clics sur leur site, et donc des annonceurs. Quel est le rapport avec le
projet de Quebec-capitale.com? Je doute qu'un site comme celui-ci puisse
survivre bien longtemps en demeurant à la merci d'un financement public.
Prenez seulement le temps que ça a pris pour avoir seulement une partie
du financement! Avec webquebec.com, nous n'avons jamais eu de
financement... mais nous étions en ligne! Demain, des sites, il y en aura
à la pelletée. Imaginez seulement qu'il y ait 25 chaînes de télé privées
québécoises! Radio-Canada survivrait-elle? Je ne crois pas... Un portail ne pourra pas
compter longtemps sur l'aide du gouvernement. Car les autres types de
sites deviendront assez vite admissibles à des programmes de crédits
d’impôt du genre de ceux qui existent présentement pour, par exemple,
pour la création cinématographique, avec la même logique de supporter
la création et le rayonnement en français de notre culture... Si, par contre,
quebec-capitale.com est considéré comme l'équivalent d'une délégation
commerciale ou d'un ambassadeur de la région, il lui sera facile
d'obtenir du financement à long terme... À mon avis, il faut
favoriser la mise en valeur et la circulation sur les inforoutes plutôt
que la congestion! Et les fonds publics devraient encourager cette
approche sur la base des sites qui existent déjà. Il est tard pour en démarrer
de nouveaux, considérant tout ce que le web recèle actuellement, même
en français. Prenez le temps de surfer sur le net et vous constaterez que
la présentation du Musée du Québec
se retrouve sur au moins dix petits sites faits dans la région de Québec",
expose-t-il encore. Contenu et vocation
demeurent les deux facteurs essentiels qui déterminent la survie et le
succès d'un tel site: "Ce sont ces deux aspects qui modèlent les
clientèles du net: avons-nous quelque chose à dire et pourquoi le
disons-nous? Et il faudra également tenir compte des joueurs déjà en
place sur le réseau. Je suis, depuis cinq ans déjà, pour la mise en
valeur de l'inforoute et de sa libre circulation et contre le traffic
inutile. Vive le covoiturage électronique! En ce sens, je pense que
www.quebec-capitale.com devra mettre l'emphase sur les hyperliens nous
menant à de superbes sites comme celui de l'office du tourisme, entre
autres, et ne pas chercher à créer du contenu qui existe déjà
ailleurs. Pierre Shedleur souhaitait récemment voir Québec devenir la
capitale du web en 2002. D'accord, mais il ne faudra pas que ce soit la
capitale d'un seul site", conclut Daniel Moisan. Notes: 1-Condition
de succès et facteurs critiques des communications électroniques à
l'aide d'Internet, un rapport réalisé par Stéphane Couture,
analyste-conseil au CEFRIO, daté du 24 juillet 1998. 2-Plan
de développement pour la création d'un site internet pour la promotion
de la région de la capitale, réalisé par Estuaire Services-Conseils
pour le compte du CEFRIO et de la SPEQM, avec le financement du ministère
des Régions, daté du 15 septembre 1998, 37 pages avant les annexes. 3-Demande
de financement au Fonds de diversification de l'économie de la capitale
pour le projet QUEBEC-CAPITALE.COM, présentée conjointement par la
SPEQM et la CRCDQ, daté du 28 mai 1999. |