Stratégie
pour la "Décennie québécoise des Amériques" par Daniel Allard
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Il s'agissait d'un engagement du parti gouvernemental, lors des dernières élections du Québec de novembre 1998. Dès son premier budget, en mars 1999, le ministre des Finances, Bernard Landry, confirmait qu'il allouait 5 millions $ pour les deux premières années de la stratégie de la "Décennie québécoise des Amériques" : 2M$ pour 1999-2000 et 3M$ pour 2000-2001. S'il maintient ce rythme, le Gouvernement du Québec consacrera quelque 25 millions $ en dix ans à cette initiative, qui vise aussi les États-Unis, mais qui s'attardera surtout sur les pays de l'Amérique latine. Le principal objectif économique de la stratégie est de tripler en dix ans le notre d'entreprises québécoises actives sur ses marchés. Preuve que la cible vise surtout les pays latino-américains, en 1999-2000, sur les 2M$ de l'enveloppe budgétaire 1,6 million $ leur est réservé et 400 000$ va pour les États-Unis. Même chose l'an prochain, sur les 3M$ de l'enveloppe budgétaire 2,2 millions $ vise l'Amérique latine. Pour faire quoi? La stratégie n'a pas qu'une approche économique. D'importants efforts iront à l'encouragement de l'apprentissage des langues étrangères, sous la responsabilité du ministère de l'Éducation. Elle comprend également un volet stage pour la jeunesse, sous la responsabilité du ministère des Relations internationales. L'annonce récente de la création d'une Agence Québec Amérique pour la jeunesse - un peu sur le modèle de l'Agence Franco-Québécois pour la jeunesse et de l'Association Québec Wallonie Bruxelles pour la jeunesse - était en lien avec la stratégie en question. Quant aux initiatives du volet économique, elles serviront principalement à aider des groupes d'entreprises à s'installer sur ces marchés. Les moyens de la stratégie ne vise pas à aider des entreprises individuellement. C'est Serge Paré, un fonctionnaire d'expérience du ministère de l'Industrie et du Commerce, bien connu parmi les vieux routiers de l'Amérique-latine, qui est en charge du volet économique de la stratégie. Une bonne part des fonds visera à répondre à des initiatives qui viendront du secteur privé: usines-pilotes, vitrines commerciales, etc. Mais il n'est pas question de tirer dans toutes les directions des Amériques! Au niveau commercial, l'approche gouvernementale a choisi de faire une sélection d'un nombre restreint de pays - dix au total - où le potentiel de marché pour les produits du Québec est jugé manifeste. Les dix pays en question ne représentent aucune surprise. Au niveau des résultats, un tel ciblage anticipe une croissance moyenne annuelle d'au moins 10% des exportations québécoises dans chacun de ces pays.
LISTE DES 10 PAYS PRIVILÉGIÉS PAR LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC DANS SA STRATÉGIE DE "DÉCENNIE DES AMÉRIQUES"
(Source: ministère Industrie et Commerce, Québec, nov. 1999) La création
d'une dizaine de partenariats par le rapprochement des grands groupes
industriels et financiers québécois avec leurs contreparties latino-américaines
apparait aussi comme une démarche indispensable au renforcement des réseaux
d'affaires. Sur la même lancée, on voudra sensibiliser les grandes
entreprises à la nécessité d'amener avec elles leurs sous-traitants sur
le marché latino-américain, souhaitant ainsi introduire 50 nouvelles
entreprises sur ce marché en dix ans. Les participations à des foires
commerciales sélectionnées ainsi que l'accueil de groupes de
participants à des événements majeurs au Québec, par exemple lors d'Americana
à Montréal, sont évidemment au menu de la stratégie. Mais la stratégie
prévoit aussi à ce titre l'organisation de missions supplémentaires
vers les dix pays prioritaires de l'ordre de 15 missions qui
impliqueraient 125 entreprises. Plus audacieuse, une mesure prévoit également l'implantation de vitrines commerciales permanentes dans des villes latino-américaines où le revenu annuel des familles est très élevé. Un total de 4 vitrines est ici anticipé, impliquant 20 entreprises. Les projets de vitrine les plus avancés concernent actuellement l'Argentine et Cuba, ainsi que le Pérou. |