Faits
saillants:
Une délégation du Brésil était présente cette année. Les Brésiliens
veulent s'inspirer de l'exemple de BioContact pour démarrer un événement
du genre dans leur pays l'an prochain! Une quinzaine d'entreprises
constituaient, par ailleurs, une autre délégation venue de France.
Des participants du Royaume uni et des États de la
Nouvelle-Angleterre étaient également venus en délégation pour
cette 6e édition de BioContact,
qui est manifestement devenue, en quelques années seulement, un
incontournable du monde des biotechnologies médicales en Amérique
du Nord.
|
Cette année, 843 participants ont envahi les corridors, suites et salles de
présentation du Château Frontenac
les 6, 7 et 8 octobre, pour parler de biotechnologie. BioContact (www.biocontact.qc.ca),
le
symposium
annuel sur le partenariat
biopharmaceutique, en était à sa
6e édition et a établi un record d’affluence. La popularité du cadre
offert par BioContact provient sans doute de l’emphase mise sur le réseautage
entre l’industrie, les capitaux de risques, les gouvernements et les
consultants. À un point tel que BioContact est devenue, au fil des ans,
une des deux plus importantes conférences nord-américaines en
biotechnologie. Cet honneur est partagé avec la conférence Bio99
Seattle.
James
Donovan,
vice-président de la Société de
promotion économique du Québec métropolitain (www.speqm.qc.ca)
et membre du comité organisateur, soulignait que cette édition de
BioContact a été la plus intense. Il y avait entre autres des représentants
de trois missions commerciales en provenance de Grande-Bretagne (www.uk-Canada-trade.org/BioMission-AC.html), de France et de la
Nouvelle-Angleterre (États-Unis). Une délégation brésilienne est même
venue observer l’événement pour éventuellement organiser un « BioContact
Brésil ». La présence de journalistes du Financial
Times, du Globe & Mail
et des média de la biotechnologie Genetic
Engineering News (www.genengnews.com)
et BioCentury (www.biocentury.com)
a rehaussé le caractère international de l’événement.
« La
tenue d’un tel symposium à Québec montre les bonnes assises de la région
en biotechnologie. Nos entreprises se servent de cette vitrine. Cela leur
permet de faire avancer leur «roadshow». Elles présentent auprès
d’investisseurs ou clients potentiels, alors que l’année suivante
elles seront celles qui écouteront les présentations », affirme
James Donovan. Les retombées économiques de cette conférence ne se
calculent pas en nombre de contrats signés, mais plutôt par la vitalité
soutenue du secteur, avec par exemple les compagnies Aeterna
(Sainte-Foy, www.aeterna.com),
Anapharm (Sainte-Foy, www.anapharm.com)
ou InfectioDiagnostic
(Sainte-Foy, www.infectio.com).
QUAND
INTERNET MÊLE LES CARTES DE LA BIOTECHNOLOGIE!
Le financement des entreprises est un des sujets qui a suscité le plus
d’intérêt. L’année 1999 a vu l’émergence du phénomène des
compagnies offrant des services sur internet. Soudainement, les petits
investisseurs se sont rués vers des titres qui représentent soi-disant
l’économie du futur. Des compagnies dont le nom se termine par
point.com ont plus que centuplé leur capitalisation. Pour les compagnies
de biotechnologie, cela ne pouvait survenir à un pire moment. Bien des
plans de financement par l’émission publique d’actions ont dû être
remisés faute de preneurs.
Robert
Esposito,
responsable des services de transaction dans le domaine des soins de santé
et des sciences de la vie pour la firme conseil KPMG,
a donné le ton dès le départ. Pour lui, il y a trop de compagnies de
biotechnologie qui pourchassent un nombre limité de dollars. De plus,
elles exigent énormément d’efforts de compréhension de la part des
analystes. À son avis les point.com connaissent le succès car elles ont
une histoire simple à raconter, malgré le fait qu‘il les considère
surévalués. Le phénomène de consolidation des banques a réduit le
nombre d’analystes financiers. Les administrateurs de fonds de
placements n’investissent pas dans les petites firmes. Cela fait en
sorte que la vaste majorité des compagnies de biotechnologie ayant une
capitalisation inférieure à 750 millions $ ne sont même pas sur l’écran
radar des investisseurs. La solution aux problèmes de financement, selon
monsieur Esposito, consiste à augmenter la capitalisation par l’intermédiaire
de fusions, d’acquisitions ou d’alliances stratégiques.
Nombre de compagnies ont présenté leurs produits, équipe de direction et
plan de développement. Ce dernier aspect incluait souvent la formation
d’alliances stratégiques. Dans bien des cas, il n’a pas été
possible de savoir s’il s’agissait de vœux pieux ou de réelles
possibilités. Selon des analystes financiers présents, la crédibilité
d’une compagnie de biotechnologie est basée en grande partie sur
l’expérience administrative de ses dirigeants, une série de produits
qui constituent le «pipeline» et la capacité à respecter les échéanciers.
Quelques
compagnies qui ont retenu notre attention
Virocell
Fondée en
1995 par les médecins Jean
Gosselin (www.ulaval.ca/vrr/rech/Cherc/1105875.html)
et Pierre Borgeat (www.ulaval.ca/vrr/rech/Cherc/135912.html),
la compagnie Virocell, de
Québec, vient de finaliser un financement de 3,5 millions $. Son
nouveau p.d.g., Richard Phaneuf, est un beauceron d’origine qui a oeuvré dans les
milieux pharmaceutiques de Toronto. Virocell possède deux brevets
américains pour l’interleukine-8 et la leukotriène B4. Ces
molécules posséderaient des propriétés antivirales et
anticancéreuses dans le cas de cancers provoqués par des
oncovirus. Ces molécules sont des immunomodulateurs, i.e.,
qu’elles stimulent les cellules du système immunitaire pour les
amener à monter une défense face à une infection virale. Pour des
patients atteints du SIDA et dont le système immunitaire est
affaibli (mesuré par un faible compte de cellules CD4+), cela
pourrait constituer une option importante. Souvent les agents
antiviraux traditionnels perdent leur efficacité et des infections
virales opportunistes ont souvent des conséquences désastreuses
Des résultats obtenus sur des animaux devront être répétés chez des
humains pour prouver le potentiel thérapeutique. Par la suite,
Virocell devra faire part de sa stratégie pour commercialiser ses
produits. Virocell développe deux produits nommés BG-777 et
BG-807. Les fonds obtenus permettront de faire passer le nombre de
chercheurs de 7 à 14 aux laboratoires situés au Centre
Hospitalier de l’Université Laval (CHUL). Ces montants
financeront les études de phase préclinique pour le BG-777 et
permettront de faire une demande d’application pour des études de
phase I chez l’humain auprès de la U.S.
Food and Drug Administration (FDA).
SignalGene
La compagnie SignalGene
(MSE: SGI, www.signalgene.com)
est la nouvelle appellation de la compagnie Algene.
Le 8 juin dernier, les actionnaires entérinaient ce changement. Les
problèmes de refinancement des activités d’Algene ont fait en
sorte que l’équipe de direction initiale, présidée par le
médecin Denis Gauvreau, ainsi que plusieurs scientifiques ont été priés
de tirer leur révérence entre 1997 et 1998. Une nouvelle équipe
de direction, présidée par Michael
Dennis, leur a succédé. En 1999, deux placements privés
totalisant 11,5M$ ont été conclus. Ils ont permis l’acquisition
des technologies de deux chercheurs québécois. Il s’agit de François
Rousseau, de l’Université
Laval (www.ulaval.ca/vrr/rech/Cherc/84603.html),
spécialisé dans l’étude des composantes génétiques de
l’ostéoporose, et de Vincent Giguère, de l’Université
McGill (http://blizzard.cc.mcgill.ca/mog/giguere2.htm).
SignalGene est un découvreur de gènes impliqués dans la pathologie de
maladies comme l’Alzheimer, le cancer du sein, l’ostéoporose et
l’obésité. Une fois un gène d’intérêt découvert, il est
alors possible de connaître la protéine impliquée dans le
mécanisme causal de la maladie. Cette protéine doit alors être
exprimée et isolée. Une fois cette étape réalisée, elle peut
devenir une cible pour des médicaments potentiels. Les gènes
découverts et les marqueurs moléculaires associés constitueront
les produits de SignalGene. Par exemple, des trousses diagnostiques
utiliseraient les marqueurs moléculaires pour identifier des
populations à risque. La force de SignalGene provient des cohortes
de patients pour effectuer des études génétiques. La population
québécoise est bien recensée et l’expertise québécoise dans
l’étude des maladies génétiques est reconnue. L’ostéoporose
est une maladie due à la perte progressive de la masse osseuse. À
la ménopause, la baisse d’œstrogène chez les femmes entraîne
une diminution de la masse osseuse de 3% par année. Il existe un
consensus auprès des médecins que l’hormonothérapie protège
contre l’ostéoporose. Les résultats du groupe de recherche de
François Rousseau ont identifié deux gènes qui montrent que 10%
des femmes ne répondent pas à l’hormonothérapie alors qu’un
autre 10% réagit trop à ce traitement. Selon monsieur Rousseau,
cette découverte ouvrirait la possibilité à une personnalisation
du traitement hormonothérapeutique.
Les inévitables comparaisons avec Algene font en sorte que SignalGene devra
trouver rapidement des partenaires commerciaux si elle veut assurer
sa viabilité. Une entente a d’ailleurs été conclue en mai 1999
avec GenSet, en France,
(Nasdaq : GENXY, www.genxy.com)
pour financer pendant un an la recherche de gènes liés à la
maladie d’Alzheimer.
Medicago
Cette compagnie de Sainte-Foy a été fondée en 1997. Medicago possède une technologie qui lui permet d’introduire un
fragment d’ADN correspondant au gène d’une protéine désirée,
qu’elle soit d’origine bactérienne, végétale ou animale. Par
un procédé d’électroporation, cet ADN est introduit dans un
pollen. On pollénise alors des plants de luzerne qui incorporeront
le gène et produiront ensuite la protéine correspondante. Il faut
récolter les plantes avant la prochaine floraison pour éviter
toute dissémination du pollen modifié, car le gène est
constitutif et stable, aux dires de François
Arcand, directeur général de Medicago. Les protéines
désirées sont extraites des plantes par des procédés de
chromatographie.
Cette technologie est un nouveau mode de production transgénique à grande
échelle de protéines spécialisées. On pourrait imaginer la
production de protéines telles l’insuline humaine, des dérivés
sanguins, des interleukines, des anticorps monoclonaux, etc. Les
technologies de production à partir de bactéries et d’animaux
transgéniques ont leurs limitations. Les bactéries ne permettent
pas toujours la production de protéines d’origine animale car
leur machinerie moléculaire n’est pas équipée pour générer la
bonne configuration tridimensionnelle. Cette dernière condition est
essentielle pour qu’une protéine soit fonctionnelle. La
production par des animaux, comme les chèvres modifiées
génétiquement de la compagnie Nexia
Biotechnologies (www.nexiabiotech.com),
à Sainte-Anne-de-Bellevue, près de Montréal, est une autre
option. Le gène intégré dans le génome de la chèvre fait en
sorte que l’animal devient un bioréacteur sur pattes qui produira
la protéine désirée et l’excrétera dans son lait. La protéine
est ensuite extraite. Toutefois, la création d’une telle chèvre
est un procédé coûteux. La production de fortes quantités de
protéines exigerait un grand nombre d’animaux. Quant aux plantes
transgéniques, elles offrent une possibilité de faibles coûts de
production et garantissent l’absence de virus d’origine animale.
Il faudra néanmoins vérifier que les protéines animales produites
auront la conformation requise.
Medicago annonçait, le 7 octobre, la conclusion d’une entente avec BioInFiNix
Ltd., de Cleveland (Ohio), portant sur la création d’une
co-entreprise ayant pour but de mettre au point et de commercialiser
l’interféron bêta pour prévenir et traiter les pathologies
causées par le virus respiratoire syncitia. Ce virus est
responsable de plus de 100 000 hospitalisations pédiatriques et de
10 000 décès d'enfants aux Etats-Unis seulement. Les essais
cliniques commenceront au début de l’an 2000. Les dirigeant de
Medicago sont très optimistes quant au potentiel de la compagnie.
Néanmoins, la crainte qu’inspire au public les cultures
transgéniques est un inconnu. Toute production industrielle d’une
protéine requerra des cultures hors-serres. Elles nécessiteront
des contrôles sévères qui préviendront la dissémination des
plantes. |
BIOCONTACT
2000
Selon James Donovan, les prochaines éditions de BioContact pourraient se dérouler
en partenariat avec d’autres événements biopharmaceutiques. Il faudra
prévoir la fusion avec Internet et offrir des branchements pour
ordinateur portable durant les présentations. Le recueil de compagnies
remis à chaque participant sera disponible sur disque CD dès l’an
prochain. Malgré l’augmentation du nombre de participants, BioContact
demeurera au Château Frontenac, car c’est un des attraits de cette conférence.
|