Le risque culturel dans le commerce international

par Raphaël Moya
professeur en commerce international
Collège Bart de Québec
r.moya@sympatico.ca

Le premier élément de la culture étant l'organisation économique, nous commencerons par analyser, dans cette première chronique, cet aspect. La Banque mondiale classe les pays dans cinq catégories économiques:

1) Pays pré-industriels dont le PNB par habitant est très bas (moins de $500) et dont le taux d'alphabétisation est aussi très bas. Dans ces pays, la structure industrielle est presque inexistante. Ils sont essentiellement agricoles.

2) Pays sous-développés dont le PNB par habitant se situe entre $500 et $800. Ces pays sont caractérisés par un début d'industrialisation et une hausse du taux d'alphabétisation.

3) Pays en voie de développement dont le PNB par habitant se situe entre $800 et $3500 et dont le taux d'alphabétisation est de 50%. L'intérêt commercial de ces pays se dirige vers certains secteurs industriels. On trouve déjà dans ces pays une classe riche et une classe moyenne, parfois embryonnaire. Les pays en voie de développement offrent des marchés de consommation quelque fois très intéressants.

4) Pays industrialisés. Les pays industrialisés ont un PNB par habitant entre $3500 et $8000. Le taux d'urbanisation est très élevé ainsi que le taux d'alphabétisation. Le niveau de consommation est élevé.

5) Pays post-industriels avec les mêmes caractéristiques que les pays industrialisés, sauf situés à un niveau supérieur sur tous les plans. PNB de plus de $8000, consommation, alphabétisation, etc. Exemple de pays post-industriels: les pays du G7.

Si nous faisons l'analyse de ce classement, nous pouvons déduire que les marchés seront différents selon le développement économique du pays. Un pays pré-industriel ou sous-développé aura besoin de produits de base. Un pays en voie de développement sera surtout intéressé par des produits qui s'intègrent dans leur processus de développement. Un pays industrialisé ou post-industrialisé présente un marché ouvert aux produits de consommation et aux produits de haute technologie.

L'entreprise canadienne qui fait de l'import-export peut être parfois surprise des conséquences qui peuvent découler de ce classement et de cette étude des pays. Par exemple, la Chine est incluse dans la catégorie de pays en voie de développement. Ce classement se réflète même dans les tarifs douaniers appliqués à la Chine par Douanes et Revenu Canada.

D'un autre côté, l'entreprise canadienne exportatrice doit s'attendre à traiter avec des marchés en rapport avec le développement économique de chaque pays. Les besoins, le pouvoir d'achat et surtout l'organisation économique du pays seront très différents si nous faisons affaires avec l'Allemagne ou avec la Bolivie.

Importance du niveau de développement économique

Le développement économique d'un pays a un impact direct sur sa santé financière. Plus un pays est développé, plus les affaires avec ce pays seront sûres. Un des signes extérieurs de cette santé est le taux de change de sa monnaie, mais, par contre, le seul moyen de bien connaître la santé financière d'un pays est de faire la différence entre le PNB et le taux d'inflation. Cette différence doit être positive et progressive tout au long des dernières années. Voilà pourquoi tous les pays prêtent actuellement tant d'importance au taux d'inflation. Un pays dont le taux d'inflation est de plus de trois pour cent risque de voir sa croissance économique annihilée et même renversée.

Le taux de change est três important dans les transactions commerciales. Lorsque votre achat à l'étranger est établi en devises étrangères, l'entreprise peut subir des pertes financières importantes s'il y a dévaluation du dollar canadien. En cas de vente à l'étranger, c'est la dévaluation de la devise étrangère qui est nuisible. Évidemment, un contrat établi en dollars canadiens ne représente aucun risque, malgré que cette situation est difficile mais non impossible. Beaucoup d'entreprises canadiennes optent, pour pallier aux risques du change, de négocier en dollar US. Certes le risque est moindre, mais il y a aussi d'autres dangers. Dans toute transaction de monnaie, il y a une perte due aux commissions, frais, etc. En transigeant en une tierce monnaie, cette perte est multipliée par deux. Aussi le dollar canadien n'est pas à l'abri de fluctuations vis-à-vis le dollar US. Beaucoup d'entreprises canadiennes ignorent que le dollar canadien est une monnaie mixte, un pourcentage attaché au dollar américain et un pourcentage flottant. Le gouvernement canadien joue avec le pourcentage flottant pour garder le dollar stable face à d'autres monnaies fortes et ainsi absorber les fluctuations face au dollar US. Il est très intéressant de regarder dans le journal et voir qu'une journée le dollar peut perdre un demi-cent par rapport à la devise US et gagner en même temps un pour cent par rapport à l'euro, par exemple.

Une autre étude intéressante à faire par rapport à l'économie d'un pays est de connaître l'ouverture du pays envers le commerce international. Si le pays est très ouvert au commerce, la concurrence sera beaucoup plus forte. En effet, quand une entreprise exporte vers un autre pays, elle doit s'attendre à trouver de la concurrence interne, mais il y a aussi d'autres entreprises étrangères qui vont essayer de pénétrer le même marché et, à la limite, il peut y avoir comme concurrents des entreprises canadiennes qui essayent aussi de pénétrer ce marché. L'entreprise a donc trois études à faire.

Dans la prochaine chronique, nous traiterons de la connaissance de l'organisation sociale.