Québec et l'avenir de l'Atlantique

Notre Premier ministre Lucien Bouchard est parti, loin, loin, du côté de l'Asie, accompagné de deux centaines de nos gens d'affaires. Profitons-en pour lancer une idée folle! Un méga-projet, à deux pas d'ici!

Regardons un instant le monde par la voie des fleuves et des océans, plutôt que par celle des terres et des continents.

S'opposer à une Atlantique des mers tranquilles!

Pendant que la Zone Pacifique s'organise, l'Est des Amériques se limite et ne travaille qu'à sa propre intégration continentale au sein de l'ALÉNA et d'ici 2005 de la ZLÉA. Pourquoi ne pas aussi structurer une nouvelle économie nord-sud de l'Atlantique?

Lorsqu'on regarde le globe terrestre, on est frappé de voir l'efficacité des routes maritimes de l'Atlantique par rapport à celles du Pacifique.

 Québec/Brest/Lisbonne/Dakar/Recife correspond à l'aller-simple Vancouver/Hong Kong!

 

Par transport maritime, lorsque vous avez livré vos marchandises à un terminal de transitaire à Montréal, vous devrez compter, comme temps de transit, 22 jours sur Hong Kong et 26 jours sur Singapour. Dans l'Atlantique, la distance reliant les ports de Québec, Brest, Lisbonne, Dakar et Recife, un lien avec trois continents et cinq cultures, correspond à l'aller-simple Vancouver/Chang-Hai ou Los Angeles-Tokyo!

Et comme disent bien des gens d'affaires, un face-à-face, c'est bien mieux qu'un fax-à-fax! Six heures d'avion, c'est la moitié de douze! L'Asie, comme le Chili, c'est loin, mais Miami, New York/Dakar ou Paris, c'est à portée du Québec et ça facilite la vie!

Une Zone ATlantique d'Intégration (ZATI)

La mise en place d'une Atlantic Integration Zone-ATIZ attacherait d'impressionnant marchés émergents (Brésil, Argentine, Afrique de l'Ouest). Jean Chrétien lançait d'ailleurs l'appel en 1994, avec uniquement l'Europe en tête. (L'ALÉNA a déjà été l'Accord de libre-échange nord-Atlantique!) Mais comment le Canada peut-il regarder l'Atlantique seulement par le Nord, alors que les marchés émergents sont tous au Sud?

De Québec, l'Atlantique ne doit pas être qu'un triangle nordique, mais un immense triangle tri-continental entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques. Québec a donc un rôle trans-atlantique à jouer. Comment?

Hôte, l'automne dernier, de la Conférence des Parlementaires des Amériques, le Québec a pris l'initiative. Il ne doit pas la perdre. Au-delà du site Internet qui branchera tous ces parlementaires en suivi de l'événement, il faut regarder les grands enjeux économiques qui transcendent ce processus.

Certes, la place du Québec dans la Communauté atlantique reste à définir. Reste que si la Ville de Québec se mobilisait pour organiser une conférence exploratoire à propos de l'idée d'une ZATI, elle partirait déjà gagnante.

Est-il possible que le Port de Québec devienne la tête de pont de nouvelles lignes maritimes? Y-a-t-il une volonté politique au sein des pays visés? Qui profiterait d'une telle initiative. Mille questions, quoi!

Invitons, en comité exploratoire, une dizaine de pays (Mexique, Guatemala, Brésil, France, Irlande, Maroc, Sénégal, Gabon et Afrique du Sud, à titre d'exemple) et validons ce méga-projet. Québec en a besoin. Au pire, ces touristes découvriront une des plus belles villes des Amériques.

Autrement, à quand une Mission-Québec en Afrique pour lancer cette initiative?

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Si la région de Québec veut s'intéresser à l'Asie, qu'elle la regarde aussi par son propre côté de la lorgnette! Bien des villes internationales possèdent un Chinatown. Québec? Plus maintenant. Il fut sacrifié lors de la construction de l'autoroute Dufferin. Chance, il en reste au moins quelques vestiges, un noyau endormi. Pourquoi ne pas intéresser des chinois francophiles pour relancer cette portion de place Saint-Roch et mettre en place un projet Néo-Chinatown pour notre capitale du tourisme?

Atlantiquement-votre!

Daniel Allard, rédacteur en chef