Accès Europe
Faut-il choisir l'Allemagne, la France ou l'Italie?

par Daniel Allard

 

La stratégie européenne d'exportation et d'implantation commerciale de mon entreprise passe-t-elle d'abord par l'Allemagne, la France ou encore l'Italie? Voilà un peu la question que posait le Centre de commerce international de l'Est du Québec (CCIEQ) en organisant un séminaire sur l'Europe de l'Ouest: potentiel de marché et mode d'accès, le 26 février dernier, à l'hôtel Le Concorde de Québec.

Trois portes d'entrées au marché européen - de plus en plus unifié, avec l'arrivée le la monnaie unique pour janvier prochain - avaient été choisies par les organisateurs. Trois représentants du Canada en poste à Munich, Paris et Rome, étaient à ce titre les invités vedettes de cette demi-journée de conférences.

 

L'Allemagne?

Timothy A. Williams, consul et délégué commercial principal au Consulat du Canada à Munich

Seulement 1% du commerce extérieur canadien prend la route de l'Allemagne, troisième économie du monde et deuxième pays importateur du monde, alors que ce pays de 82 millions d'habitants passe par une "période fascinante", de l'avis du consul Williams.

Malgré un taux de chômage de 11,8% (expliqué pour une part par les 1,5 millions de chômeurs en ex-Allemagne de l'Est) et ses difficultés à rester concurrentiel face à l'Asie, ce pays continue de se voir comme la locomotive de l'Europe et affichera des taux de croissance de 2,8% en 1998 ainsi qu'en 1999. Pays d'excellence de la libre entreprise en Europe, l'Allemagne sait qu'elle doit s'adapter. Défi qui sera sans aucun doute relevé, de l'avis du consul, qui soulignait avec enthousiasme à quel point ce pays dispose d'une "capacité d'innovation inouïe..., sans difficulté culturelle spéciale."

"Presque 50 000 Allemands visitent le Canada chaque année. Au moins 18 entreprises canadiennes sont établies à Munich." Mentionnant que l'Allemagne est le pays par excellence des Foires et Expositions internationales, le consul a aussi souligné "l'excellent Accord international entre le Québec et la Bavière, un modèle" du genre, a-t-il dit.

 

La France?

Musto Mitha, attaché affaires commerciales à l'Ambassade du Canada à Paris

En 1998, la reprise se confirme en France. Le pays doit atteindre cette année un taux de croissance de 3%, pour se conformer aux échéances de l'arrivée de la monnaie unique. D'après Musto Mitha, le taux probable pour 1998 sera plutôt autour de 2,5-2,6%. "Les Français ont encore peur de consommer et épargnent, sans investir", explique-t-il. La conjoncture actuelle est tout de même à la hausse, l'économie étant tirée par le renouvellement des stocks des entreprises. Autre point fort: une inflation modérée, "la plus basse depuis 1956".

Les 3,1 à 3,2 millions de chômeur en France - "et ce n'est pas fini" - pèsent lourd dans le redressement du pays. Il y a aussi la politique controversée du passage à la semaine de 35 heures, payée au taux de 39!

"Il est important de participer à des salons et foires en France. Vendre aux Français n'est pas aussi facile que de vendre aux Américains. On ne vend pas par fax ici, il faut venir voir, prendre son temps, nouer un contact et ne pas précipiter la signature," explique-t-il.

Côté opportunités spécifiques, monsieur Mitha a parlé du secteur du transport - des pièces automobiles - en tant que domaine propice pour des co-entreprises. En environnement, le domaine de la gestion des décharges publiques de déchets offre beaucoup. "Il y a 70 000 sites et c'est l'enfer", a-t-il conclu.

 

L'Italie?

Peter Egyed, premier secrétaire à l'Ambassade du Canada à Rome

L'Italie est malheureusement un pays négligé par les gens d'affaires canadiens, a lancé Peter Egyed. Doté présentement d'un gouvernement de centre-gauche qui privatise à la vitesse grand V, il mérite pourtant l'attention. Avec un PIB de 28 000$CAN par habitant, l'Italie est la 5e puissance économique du monde. Le Nord du pays est même la région la plus industrialisée d'Europe.

Dans la foulée des mesures de réformes proposées par les instances de l'Union européenne (UE), "l'Italie est en voie de compléter des changements extrêmement rapides et profonds... et commence à devenir un <<pays normal>>".

L'impact du contrat de construction des hélicoptères Cormoran a été souligné et devrait rapprocher davantage les entreprises du Canada et de l'Italie.

Les participants ont également appris que les acheteurs italiens sont très exigeants. "Ce n'est pas facile d'y faire des affaires et seuls les produits à nouveaux créneaux percent facilement ce marché. On conseille donc de créer des partenariats et de ne pas aller seul sur l'Italie. Une visite au 2-3 ans est très insuffisante pour y faire sérieusement des affaires", a aussi tenu à lancer comme message le conseiller d'ambassade.

De façon générale, ce marché est toujours moins transparent qu'en Amérique du nord, en raison principalement de l'importance et du nombre de petites entreprises familiales en Italie. Il faut donc plus de prudence, histoire de mieux découvrir un éventuel partenaire.

 

MODALITÉS D'ACCES

Parlant devant près d'une centaine de personnes, Yves Daigle, spécialiste de la problématique des normes et du marquage CE au bureau du CRIQ de Québec en a surpris plusieurs en démontrant l'aspect stratégique et les pièges de cet enjeu. Le consultant Réjean Dancause, l'avocate Micheline Dessureault, Stéphane Nolette du monde des institutions financières, le spécialiste en transport François Bolduc et Jo Lanoë, avec un chaleureux témoignage de l'expérience de Biogénie en France, complétaient la brochette d'invités de l'événement