Cette rubrique est mise à la disposition de chacune des Délégations générales du Québec à l'étranger. A tour de rôle, de Paris, Bruxelles, Londres, Tokyo, Mexico et New York, elles porteront, pour le bénéfice des lecteurs de COMMERCE MONDE, un regard stratégique sur le bout de planète qu'elles observent.

Promouvoir le Québec aux États-Unis

par David Levine
Délégué général du Québec à New York
e-mail : david.levine@mri.gouv.qc.ca

 

Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour saluer l'initiative d'un "journal virtuel" sur le Web voué à la promotion des échanges économiques de la grande région de Québec avec le reste du monde. On ne manque jamais de la dire : le dynamisme économique et exportateur du Québec dépend beaucoup de la métropole, Montréal, et de dynamiques régions frontalières comme la Beauce. Il serait pourtant erroné d'oublier la capitale québécoise, qui, notamment avec sa recherche de pointe en optique et en biotechnologies, n'est pas vouée qu'à la seule administration de la chose publique.

La Délégation du Québec à New York était à l'origine, il y a plus d'un demi-siècle, une petite mission économique et commerciale. Même si elle a grandi et diversifié ses activités au cours des décennies, en particulier après la Révolution tranquille ­ elle compte aujourd'hui un service d'Immigration, un service des Communications et affaires publiques (notamment responsable des relations avec les médias américains) ainsi qu'un service culturel; au total 28 personnes y travaillent --, elle demeure, encore aujourd'hui, une mission dont le premier objectif est de promouvoir les investissements américains au Québec, les exportations québécoises sur le territoire des États-Unis, et plus généralement la bonne réputation économique du Québec en terre américaine.

Le Québec exporte un peu plus de 50 % de tout ce qu'il produit. Quelque 83 % des exportations du Québec vont aux États-Unis et nulle part ailleurs. La moitié de ces exportations au sud de la frontière vont dans les États du Centre-Nord et du Nord-Est, dont un tiers dans les 7 seuls États dont la Délégation a la responsabilité directe. Dans un rayon de 1000 kilomètres à partir de Québec, on trouve un marché de quelque 100 millions de consommateurs. À la vue de tels chiffres, c'est un truisme de dire que le commerce québéco-américain est littéralement une question de vie ou de mort pour l'économie du Québec.

L'explosion des exportations, qui ont plus que doublé depuis l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange canado-américain et qui s'est encore accrue dans la foulée de l'ALENA, illustre plus que jamais cette importance vitale, cruciale, centrale, du commerce dans nos vies.

En matière économique, la Délégation de New York est là pour accroître les exportations québécoises, attirer de nouveaux investissements, informer et maintenir les contacts avec les agences de crédit et banques qui cotent le Québec et ses grandes institutions comme Hydro-Québec. Plus spécifiquement, elle doit flairer les nouvelles pistes, exercer une veille stratégique, favoriser les contacts entre industriels et financiers des deux côtés, promouvoir la conclusion d'alliances stratégiques et aider les entreprises à établir des contacts utiles.

Quatre cents entreprises américaines ont pignon sur rue au Québec. Notre Délégation maintient également des contacts utiles avec nombre de ces entreprises et de leurs "maisons-mères" aux États-Unis. Attirer de nouveaux investissements est important. Mais maintenir et développer ceux qui existent déjà, informer les entreprises américaines des facilités (fiscales, légales et autres) qui existent au Québec pour favoriser leurs activités sur notre territoire, ne l'est pas moins : voilà encore des tâches qui nous appartiennent, ici à la DGQNY.

Exemples concrets de nos activités de promotion à New York : l'organisation d'un très original défilé de mode sur glace, à Rockefeller Plaza chaque hiver (tenu cette année les 2 et 3 mars), qui est devenu un rendez-vous très couru qui positionne avantageusement les créateurs québécois, ainsi qu'un Symposium du Multimédia Québec-États-Unis, qui doit se tenir les 15 et 16 avril prochains à New York.

Du côté des exportations, des programmes existent déjà au ministère de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie, pour favoriser l'exportation et la connaissance des nouveaux marchés, organiser des missions, réaliser des études de marchés, etc. Avant de contacter la Délégation pour obtenir son concours, les entreprises candidates doivent au préalable être approuvées et recommandées par le ministère.

Le Québec exporte dans un certain nombre de secteurs forts. Mais l'exercice d'aide à l'exportation du gouvernement du Québec ne correspond pas toujours exactement à ces secteurs déjà en position de force.

En termes d'exportations actuelles, par exemple, les secteurs dominants sont, dans l'ordre, les aéronefs et pièces d'aéronefs (4,2 milliards de dollars d'exportations en 1996), le papier journal (4,0) les pièces et composantes électroniques (3,6), l'aluminium (3,4), les véhicules automobiles (3,5). Les équipements de télécommunications, par exemple, avec des exportations de 1,2 milliard en 1996, ne se situent qu'au neuvième rang, mais représentent une priorité. Quant aux pièces électroniques, elles ont fait un bon spectaculaire au cours des dernières années, et représentent l'un de ces secteurs porteurs.

Les secteurs à l'exportation "prioritaires", et que nous définissons comme tels, sont les suivants : l'industrie du métal et de la céramique; les pièces électriques et composantes d'ordinateurs; l'industrie du plastique; le matériel de transport; les jeux et jouets. Comme on le constate, les secteurs actuellement dominants et ceux qui font l'objet d'une attention spéciale par le ministère et le service économique de la Délégation ne coïncident pas exactement.

Normal : certains secteurs, certains gros entrepreneurs sont déjà si bien placés qu'ils n'ont plus besoin des services d'un bureau comme le nôtre ou d'un ministère comme le MICST. Ici, un exemple tiré du secteur culturel. Une entreprise comme le Cirque du Soleil a pu, naguère, profiter de nos services en matière de promotion, de contacts, d'aide logistique. Aujourd'hui, c'est devenu une grande multinationale qui projette le nom du Québec à l'étranger de façon prestigieuse, et qui en fait nous "aide" aujourd'hui après à avoir été aidée !

La Délégation considère également que les productions culturelles québécoises, en plus de participer au rayonnement général du Québec, sont une activité économique pertinente qui ne doit pas être négligée. Le Cirque du Soleil est évidemment le meilleur exemple de cela, mais dans le théâtre d'avant-garde, les productions pour enfants ou la danse moderne, le Québec est considéré aux États-Unis comme un véritable leader.

Conclusion : les petites et moyennes entreprises qui ont de bonnes raisons de croire ­ et qui peuvent en administrer raisonnablement la preuve -- qu'elles sont en mesure de conquérir de nouveau marchés, celles qui ont du flair, peuvent approcher les services gouvernementaux, à Québec d'abord, à New York ensuite, pour obtenir un coup de pouce. Nous sommes là pour ça !