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Chronique VEILLE D’AFFAIRES, TECHNOLOGIE ET CHANGEMENT

Veille d’orage et Veille d’affaires

par Richard Legendre, T.Sc.A.
Service d’information industrielle du Québec
legendre@siiq.qc.ca

«Une veille d’orage est en vigueur pour la région de Québec jusqu’à 19h00 ». Voilà un message entendu à plusieurs reprises cet été. Mais que représente le mot veille dans l’expression « veille d’orage » ou encore « veille météorologique » ? Il s’agit, pour Environnement Canada : d’avertir, de mettre en garde ou en état d’alerte, une population de potentiels événements météorologiques violents. La population ainsi avertie pourra poser les gestes appropriés afin d’éviter des accidents malheureux.

Plusieurs analogies météorologiques peuvent illustrer certains concepts importants nécessaires à la réussite d’une veille d’affaires (technologique ou concurrentielle) en entreprise :

1- ON NE TUE PAS LE MESSAGER

Si les météorologues et annonceurs météo à la radio ou à la télévision devaient subir les foudres des citoyens à chaque fois qu’il ne fait pas beau ou que des possibilités d’orages se retrouvent dans les prévisions, il n’y aurait plus personne pour nous transmettre ces informations pourtant attendues. 

En entreprise, une attitude visant à ne pas croire ou à vilipender un veilleur transmettant une mauvaise nouvelle, aura des conséquences perverses. Soit que le veilleur cherchera à trouver un autre emploi ou, pire encore, qu’il démissionnera intellectuellement et se limitera à ne transmettre que de bonnes nouvelles. Ainsi, les signaux faibles présages de menaces pour l’entreprise ne feront l’objet d’aucune attention. Il faudra alors réagir à l’apparition des dangers plutôt que d’agir à la suite d’une réflexion soutenue et le développement de stratégies de défense.

2- ON DOIT AUTORISER L'ERREUR

Plusieurs études statistiques indiquent que les prévisions de 48 heures des services météo dépassent rarement la barre des 50% de taux de réussite. Pourtant, la météo se retrouve au coeur des discussions quotidiennes et occupe une place importante dans les médias tant écrits qu’électroniques. La météo fait même l’objet de canaux de télévision spécialisés dédiés à ce sujet. Pourquoi une telle présence si le taux de succès des prévisions n’obtient pas de meilleurs résultats ? Simplement parce que nous désirons tous prévoir le temps qui vient. Pour savoir comment s’habiller, s’il faut amener son parapluie ou pour l’organisation d’activités extérieures. Ce besoin de prévoir l’emporte sur le taux de succès et nous autorisons une marge d’erreur.

En entreprise, la cellule de veille doit anticiper les changements technologiques ou les réactions des compétiteurs à partir d’éléments d’informations existants mais incomplets. Si on exige du veilleur d’attendre d’avoir en main 100% des informations, il ne commettra jamais d’erreurs mais il sera toujours en retard sur l’événement. Ainsi, l’entreprise ne pourra jamais espérer prendre les devants dans son secteur d’activité. Pour prendre les devants ou anticiper sur un marché, il faut décider avec les informations disponibles. Cependant, une part d’incertitude demeurera toujours présente.

3- ON DOIT APPRENDRE DU PASSÉ AFIN DE MIEUX ANTICIPER

Un météorologue mentionnait cet été qu’il se rendait sur les lieux d’orages violents et de micro tornades afin de recueillir le maximum d’information sur le terrain et consigner les témoignages des personnes ayant observé le phénomène. Par la suite, il analysera les données météorologiques disponibles avant l’événement et tentera d’identifier les informations ou les séquences de changement, afin de tenter de mieux prévoir ces types d’événements dans le futur.

En entreprise, la même attitude devrait inspirer le veilleur. Une rétrospective d’événements permettra de mieux comprendre les stratégies et gestes posés par le compétiteur ou, encore, d’identifier les tendances guidant les changements technologiques ou de comportement des consommateurs.

Un exercice intéressant, en ce retour de vacances, consiste à lire ou relire certains documents concernant des sujets toujours actuels et qui occupaient une place dans les médias avant vos vacances. L’effet de routine du quotidien évacué par le recul de vos vacances devrait vous permettre d’observer différemment l’évolution du dossier.

QUE CONCLURE ?

« Quand de Deauville on voit Le Havre, c’est qu’il va pleuvoir. Quand on ne le voit pas, c’est qu’il pleut déjà. » Tristan Bernard.

Avec une bonne attitude, vous n’attendrez pas que l’orage tombe sur votre entreprise pour agir, vous pourrez voir venir les nuages ou les éclaircies.