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Etes-vous «altermondialiste»?

par Daniel Allard

Le mot « altermondialiste » apparaît maintenant régulièrement dans les débats concernant les questions internationales. Que veut-il dire?

La naissance de ce mot semble provenir d'un besoin d'ajustement, par rapport au malaise que représentait jusque-là l'usage du mot « antimondialiste », pour décrire les militants qui critiquent le processus de la fameuse « mondialisation » en cours. Car il ne s'agit pas d'être contre la mondialisation, mais opposé à la manière dont elle est réalisée; entendre avec les valeurs néo-libérales et capitalistes. D'où le mot plus juste « d'altermondialiste », c'est-à-dire de ceux qui font la promotion d'une « alternative », d'une AUTRE MONDIALISATION (le militant ALTERMONDIALISTE serait précisément devenu une expression consacrée depuis le Forum social belge de septembre 2001).

Au mal nommé «militant antimondialisation»
succède donc l'ALTERMONDIALISTE,
à la recherche de l'édification
de l'Autre façon de construire
la globalisation
du monde

Mais de quelle « AUTRE MONDIALISATION » est-il ici question? Une revue de littérature récente avance les explications suivantes:

D'abord, rappelons que ce mouvement « altermondialiste » est encore très jeune. Cette dynamique a débuté par la mise en réseaux et la mobilisation de mouvements du monde entier autour de projets ponctuels préparés jusque-là fort discrètement au sein d'organisations internationales: l'Accord multilatéral sur l'investissement (AMI) au siège de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) à Paris, au milieu des années ‘90, le round du millénaire de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) à Seattle, les politiques d'ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) à Washington et à Prague, plus récemment, etc. Le mouvement a ensuite ciblé les centres du pouvoir mondial qui « instrumentalisent » ces organisations internationales, en leur confiant comme mission essentielle la garantie et le développement du « droit d'investir librement » : les réunions du G7 à Cologne, à Okinawa et à Gênes, le sommet intergouvernemental des Amériques à Québec en avril 2001, les conférences intergouvernementales de l'Union européenne à Nice, Göteborg, Bruxelles, Barcelone et Séville ou encore le Forum de Davos. Le mouvement a aussi organisé des sommets alternatifs et une multitude d'ateliers de réflexion, afin de permettre à des représentants d'organisations des quatre coins du monde de dégager des alternatives concrètes et consensuelles : le Sommet social alternatif de Genève (juin 2000), le Sommet panafricain de Dakar (décembre 2000), les deux Sommets des peuples à Santiago-Chilie-1998 et Québec-2001, le Congrès européen citoyen de Liège (septembre 2001) et, évidemment, le Forum social mondial de Porto Alegre (janvier 2001, 2002 et 2003).

  • Dans ce contexte, le FSM, ou le processus de Porto Alegre, comme on l'appelle, est devenu l'expression principale d'un mouvement croissant contre la globalisation conduite par les grandes corporations multinationales. Un intellectuel américain important l'a caractérisé comme un rassemblement de personnes qui veulent essentiellement « réformer » la globalisation.

  • La recherche d'alternatives réalistes pour une autre mondialisation où les droits humains, sociaux, économiques, culturels et environnementaux auront la primauté sur le droit d'investir librement semble, incidemment, toujours au coeur du discours altermondialiste.

  • On souhaite une globalisation respectueuse des nombreuses chartes et conventions internationales déjà EN VIGUEUR. Cette globalisation à visage humain exige: un respect de l'environnement, de normes minimales universelles en matière de loi du travail et une réelle répartition des richesses existantes, entre autres. Cette autre façon de construire la globalisation questionne également l'appropriation des richesses par un nombre limité de familles.

  • On veut débattre d'alternatives pour un monde centré sur la satisfaction universelle et durable des besoins, des libertés et des droits fondamentaux, dans une logique de « réappropriation », par les citoyens, de l'avenir de leur monde.

  • Pour l'altermondialiste, il est possible de faire mentir le TINA (there is no alternative) de « miss Maggie ».

  • Il faut affronter et démonter les processus, les institutions et les structures du capitalisme mondial...

  • ...et être pour un ordre mondial alternatif.

  • Ces membres de mouvements sociaux se disent généralement engagés contre la globalisation néo-libérale, la guerre, le racisme, le système de castes, la pauvreté, le patriarcat et toutes les formes de discrimination et d'exclusions, quelles soient économiques, ethniques, sociales, politiques, culturelles, de genre ou sexuelles. Leurs objectifs sont la paix, la justice sociale, la citoyenneté, la démocratie participative, le respect des droits universels et le droit des peuples à disposer de leur futur.

  • Comme le disait l'ancien président de l'Inde K.R. Narayanan au cours du rassemblement extérieur clôturant le Forum social asiatique (FSA) qui eut lieu dans la ville historique d'Hyderabad (Inde), du 2 au 7 janvier 2002: « Nous voulons que le monde soit un, mais pas globalisé, gouverné par un seul pays ».

*****

Alors que le prochain grand rendez-vous altermondialiste mondial ne sera pas cette fois au Brésil, car le Forum social mondial est prévu en Inde en 2004, il faudra à nouveau prévoir de grandes manifestations de protestations à l'occasion de la cinquième réunion ministérielle de l´OMC à Cancun, au Mexique, en septembre 2003, ainsi que lors de la réunion ministérielle de la ZLÉA, à Miami, aux États-Unis, en octobre de la même année.

En décembre 2003 se tiendra, par ailleurs, à Genève, le Sommet mondial de la société de l'information, un sommet de l'ONU qui se prolongera à Tunis, en 2005. Ce sommet est une double première dans l'histoire: c'est la première fois que ce thème est placé à l'avant des préoccupations des Nations unies à une telle échelle et c'est surtout la première fois qu'un sommet onusien est censé être porté par un secrétariat tripartite, comportant aux côtés des gouvernements, une section société civile et une section entreprises.

Assurément, une histoire à suivre!!!

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QUELQUES SITES DE L'ALTER-MONDIALISATION

Sites de contre-expertise :

Attac : http://attac.org
Les Cybersolidaires : www.cybersolidaires.org
Les Pénélopes : www.penelopes.org
Mediasol : www.mediasol.org
InterActivist Infos Exchange : http://slash.autonomedia.org
Transnationale : www.transnationale.org (qui cartographie les liens capitalistiques des multinationales et exercent un droit de suite en questionnant avec ténacité leur cible)

Sites média-activistes :

Carta : www.carta.org
Centre des médias alternatifs du Québec : www.cmaq.net
Independant Media Center : www.indymedia.org
Nodo50 : www.nodo50.org
Samizdat : www.samizdat.net
Sherwood Comunicazione : www.sherwood.it

 

« De même que les pères fondateurs de l'Europe ont fait un formidable effort d'imaginaire politique pour penser les institutions de ce qui allait devenir l'Union européenne, n'avons-nous pas besoin d'un même effort pour inventer la démocratie planétaire ? »

(ALTERMONDIALISTE INCONNU)

« On sait bien mesurer le coût social de politiques ultra libérales (l'histoire s'est chargée de nous l'apprendre), on n'évalue pas ou mal le coût collectif de l'inaction démocratique internationale. »

(ALTERMONDIALISTE INCONNU)


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Commerce Monde #34