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Une Europe des 25 attendra la ZLÉA de 2005

par Daniel Allard

Un an avant la possible concrétisation d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), l'Union européenne se sera pour sa part assurément élargie à 25 pays. Voilà un fait qui relève maintenant de la quasi-certitude. Les Quinze ont dorénavant fait leur nid et il n'y aura pas de retour en arrière, l'adhésion de 10 nouveaux pays sera réalisée en 2004.

Mais doit-on dire que cette " Europe des 25 " attendra la ZLÉA de pied ferme? La transition ne sera pas facile et l'année d'avance ne constituera pas un gros avantage dans ce que des observateurs avertis peuvent considérer comme une course à l'intégration économique et à la construction de blocs économiques hyper puissants.

APRÈS L'EURO, LES DÉFIS DE L'ÉLARGISSEMENT

C'est la disparition du mark allemand, du franc français, de la lire italienne, et concomitamment l'apparition de l'euro sur le marché de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2002, qui est encore le sujet de l'heure lorsqu'on parle de l'Europe.

Ce n'est pourtant pas ce sujet qui avait intéressé les organisateurs d'un colloque universitaire tenu à l'initiative de l'Institut québécois des hautes études internationales, à l'Université Laval, l'automne dernier, en partenariat avec le Centre canadien d'études allemandes et européennes, basé à l'Université de Montréal, celui-là. L'événement avait amené à Québec la spécialiste suisse en matière d'intégration européenne, Alice Landau. Conférencière, cette professeur à l'Université de Genève avait très bien provoqué le débat sur les chances de réussite de l'opération élargissement que mène l'Union européenne avec une douzaine de pays de l'Europe orientale. Un sujet beaucoup plus fondamental lorsqu'on analyse l'avenir des relations commerciales internationales.

" La chute du mur de Berlin a poussé l'UE à exercer un rôle qu'elle ne recherchait pas, à part sur le plan économique ", explique Alice Landau. " Malheureusement, l'UE n'est pas prête à assumer un plus grand rôle...", analyse-t-elle encore.

À preuve, en 1993, le Conseil européen de Madrid avait dit que les négociations formelles débuteraient en 1998. Un calendrier qui a manifestement pris beaucoup de retard. D'après la professeur suisse, l'UE veut deux choses contradictoires. Un meilleur contrôle des frontières pour sa sécurité et le progrès économique. Pourquoi cette ambivalence et cette position contradictoire?

" L'UE n'a pas l'habitude d'un élargissement d'une telle ampleur. Passer de 15 à 27 n'a rien à voir avec les étapes précédentes d'élargissement. Ceci oblige des réformes institutionnelles trop grandes et impopulaires dans la population. " Alice Landau invoque aussi le " mauvais timing ", juste après le NON des Danois et le faible OUI de la France à Maastricht. Il y a aussi la nécessité de d'abord renégocier le domaine de l'agriculture à l'OMC. Une étape qui sera très difficile, notamment avec les USA, croit-elle. Au surplus, les structures de l'UE n'ont pas l'habitude de traiter avec l'opinion publique, qui elle demande maintenant des comptes. Autant de raisons qui expliquent pourquoi il fut si difficile de savoir quand l'UE s'élargirait.

Pourtant, il y a facilement consensus dans la communauté scientifique à savoir que les États-Unis encouragent le processus d'élargissement de l'UE, même s'ils n'hésitent pas à montrer leurs préoccupations commerciales. Les USA ont également peur de la naissance du bras armée d'une Europe plus large, qui pourrait prétendre concurrencer l'OTAN. Dans le cercle des Quinze, évidemment, tout le monde prétend être pour l'élargissement de l'Europe, mais il y a des plus fervents que d'autre. " Et chacun pour des considérations propres ", rappelle Alice Landau.

" On ne veut pas être le sucre dans le café de cette Europe ", a imagé un ancien ambassadeur d'Allemagne présent dans la salle. Que voulait-il dire exactement? Alice Landau explique qu'on réfère ici au poids budgétaire qu'a l'Allemagne, qui a peur d'être surtout interpellé pour payer la facture de l'élargissement.

Pourtant, il y en a qui avancent que l'élargissement ne sera bon que pour l'Allemagne! Peur sans doute justifiée, car la très grande majorité des analystes des affaires européennes reconnaissent que c'est l'Allemagne qui sortira grande gagnante de cette nouvelle aventure européenne. L'Allemagne, dit-on, n'a rien à perdre et tout à gagner. Alors que l'Espagne, le Portugal et la Grèce ont peur de voir le fonds de cohésion baisser (ce système qui peut être comparé à celui de la péréquation au Canada). L'Islande également a des craintes profondes, mais n'est pas vraiment contre pour autant. Personne n'est contre!

TABLEAU 1
LISTE DES PAYS LES PLUS PRO-ÉLARGISSEMENT DE l'UNION EUROPÉENNE

  • Allemagne

  • Pays-Bas

  • Suède

  • Finlande

  • Royaume-Uni

  • Autriche

Du côté des pays demandeurs à accéder à l'UE, c'est une autre histoire. Si les sondages d'opinions révèlent de plus en plus un manque d'enthousiasme auprès des populations des pays d'Europe orientale, c'est surtout parce que les coûts de l'élargissement sont visibles et à court terme, alors que les bénéfices sont plutôt invisibles et difficiles à évaluer. C'est la problématique de base pour les politiciens pris dans cet enjeu. Et la question spécifique de Chypre, pour laquelle la Grèce se dit prête à bloquer tous les autres pays, montre à elle seule la complexité de l'opération en cours. Autre exemple, le problème de la position des Autrichiens face à la question nucléaire.

TABLEAU 2
LISTE DES PAYS SOUHAITANT ACCÉDER À l'UNION EUROPÉENNE

(Ils sont actuellement 12 à négocier pour joindre l'Union européenne. Les six plus avancés sont : )

  • Pologne

  • Hongrie

  • République tchèque

  • Slovénie

  • Estonie

  • Chypre

(Pour les six autres, la porte s'ouvre plus difficilement : )

  • Slovaquie

  • Latvie

  • Lituanie

  • Roumanie

  • Bulgarie

  • Malte

POURTANT CONDAMNÉ À RÉUSSIR

Pourtant, l'UE a la responsabilité historique de réussir l'élargissement à l'Est, d'abord pour des raisons de sécurité. Malheureusement, tout est devenue de plus en plus difficile depuis 1998. Et ce problème de crédibilité de la démarche, il a duré jusqu'en 2000. Mais maintenant, depuis la présidence de la Suède au Conseil, on voit la lumière au bout du tunnel. À ce colloque de l'automne de 2001, au moins deux experts présents, dont Alice Landau, s'avançaient avec des dates précises : " Fin des négociations en 2002 pour une prochaine phase d'élargissement de 4 pays avec début formel des adhésions en 2004, si le processus de ratification fonctionne bien. "

Pourquoi une telle résistance, alors que la construction européenne a d'abord débuté à 6 dans les années 50, pour s'élargir à 9, puis à 10, puis à 12, puis à 15 relativement rapidement? Parce que le prochain élargissement de l'Union européenne n'aura rien à voir avec les précédents. Ne serait-ce que quantitativement, avec le nombre imposant de pays qui cognent à la porte en même temps.

" Il faut garder en tête que l'UE ne décide qu'en période de crise. Et que plusieurs pays membres attendent de voir ce qui va se passer à Doha, (4ième conférence ministérielle de l'OMC, 9 au 13 novembre 2001) pour établir leur position ", analysait encore Alice Landau.

Elle voit pourtant une Europe des 27 à l'horizon, mais pas avant 2015-2020. " La Commission est très dure dans la négociation. La Suisse l'a appris : il y a des sacrifices à faire... Les événements du 11 septembre 2001 vont par ailleurs augmenter la pression pour plus de cohésion et d'efficacité dans la future Europe. " Alors qu'évidemment, à 25 ou 27, l'UE va devenir " une Europe beaucoup plus lâche ", précise l'experte.

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