sommaire Nouvel outil pour augmenter le nombre d'immigrants dans les organismes publics québécois par Daniel Allard Les louables objectifs sont là, mais pas les résultats! Une politique du gouvernement du Québec dit bien, depuis l'adoption, en décembre 1999, de la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi dans les organismes publics, que 25% des nouveaux employés devrait provenir des communautés culturelles. Il n'y a pas plus d'immigrants dans les postes publics qu'il y a dix ans! Actuellement 2,3% des employés de la fonction publique québécoise sont issus de la population immigrante, anglophone ou autochtone, les trois groupes ciblés par la nouvelle politique. Selon Augustin Raharolahy, qui vient de quitter le Conseil des relations interculturelles du Québec après 10 ans de militantisme, les immigrants ne sont toujours que 2,1% de la fonction publique au Québec en 2002, contre 9,4% en Ontario, 7,4% en Colombie-Britannique et 5,6% dans l'ensemble du Canada. Bien qu'en marche depuis près d'un an, l'actuelle campagne de recrutement visant à embaucher 6500 nouveaux fonctionnaires au Québec tarde à produire les résultats escomptés. Sur 6197 personnes recrutées, seulement 461 (soit 7,4%) provenaient des trois groupes cibles. On constate néanmoins une note d'amélioration. Si la porte est théoriquement toute grande ouverte, le contexte ne fait pas pour autant disparaître les obstacles particuliers aux immigrants en quête d'un emploi dans leur pays d'accueil. Parmi ces obstacles, il y a l'absence de préparation des candidats aux concours de sélection. Il y avait..., car si on ne préparait pas les candidats, cette lacune du système n'est dorénavant plus sans solution. UNE INITIATIVE CONJOINTE CAMO-SOIIT Ceux qui travaillent à permettre aux immigrants de, eux-aussi, travailler ont maintenant un nouvel outil: un programme d'information et de préparation des personnes immigrantes aux examens d'entrée dans les organismes publics. Les deux auteurs, Carole Chassé, conseillère en emploi au Services d'orientation et d'intégration au travail de Québec (SOIIT-Québec) et Mamadou Diop, agent de développement pour le Comité sectoriel d'adaptation de la main-d'oeuvre pour personnes immigrantes (CAMO-PI), ont fait une présentation publique du nouvel outil de travail, à Québec, le 17 avril. Le document qu'ils ont réalisé (Stratégie d'intégration en emploi des personnes issues de l'immigration dans les organismes publics, mars 2002), qui fait une centaine de pages, offre ni plus ni moins un programme d'information et de préparation aux examens. La partie pratique du document dote le formateur de plusieurs exemples de questions types que celui-ci peut utiliser et analyser avec l'immigrant qu'il cherche à préparer pour le véritable examen. Ce programme d'information et de préparation des personnes immigrantes aux examens d'entrée dans les organismes publics n'est certes pas une panacée, mais il est indéniable que l'absence totale de préparation de ces candidats représente un gros désavantage. Pensons simplement que faire face à un examen à choix multiples peut devenir une épreuve insurmontable, considérant le biais culturel dans le choix de réponses, pour un candidat immigrant. Une meilleure préparation changera-t-elle notablement le fait que bien peu d'immigrants réussissent à dénicher un emploi dans les organismes publics au Québec? L'effort en vaudra-t-il la peine? Des exemples récents ont donné des résultats notoires. À Montréal, un projet pilote a permis à 10 des 14 femmes impliquées de trouver un emploi de chauffeur d'autobus à la Société des transports montréalaise (STCUM). Un autre projet pilote visant l'accès plus rapide à l'Ordre des ingénieurs a permis d'augmenter le taux de succès à 85%, alors qu'il était de 66% sans préparation des candidats. Des projets pilotes comparables existent aussi avec l'Ordre des infirmières et l'Ordre des orthophonistes et audiologistes. Entre 1997 et 2001, les ordres professionnels du Québec ont reçu 3598 demandes de reconnaissance d'une équivalence de diplôme ou de formation acquis à l'étranger; 890 ont été refusées, 1027 ont reçu une équivalence complète, alors que 1474 ont reçu une équivalence partielle. Si de telles statistiques s'améliorent encore avec un outil comme celui qu'offre l'initiative du CAMO-SOIIT, elles aideront sensiblement le Québec à améliorer son image en matière d'immigration. |
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