Mondialiser nos élus  Québec et l'avenir de l'Atlantique  À quand une Mission-Québec en Afrique?  Québec, comme Montréal ou Chicoutimi, doit pouvoir contrôler l'immigration internationale  De la néo-mondialisation!  Et si la Francophonie négociait l'ALEF?  Les omission d'une politique pour la capitale  Les omissions d'une campagne électorale  Les jeux de 2008  Faut-il jumeler Québec et La Havane?  Cannes, Namur... et/ou Lévis?  Les années 2000 vues du Sommet du Québec et de la jeunesse-Craintes et/ou espoirs?  Le (vrai) défi du maire de Québec  Réunification de famille-Après Elian, Fidel et les Amériques?  Fusion et foison-L'héritage des jumelages internationaux pour la Québec nouvelle  Québec: une ville unique au monde  Souhaits nouveaux et nouveau millénaire  L'enjeu des deux cité-mères du Québec  Un sommet francoph..."ON" ou "OFF"?  Les leçons de Bordeaux!  Souhaits nouveaux et nouveau millénaire

Au sommet de l’APPROPRIATION 
de la mondialisation

Bien peu de gens contestent l’inéluctabilité de la mondialisation. Elle est de plus en plus dans tous les champs de la vie en société: mondialisation du sport, de la criminalité, de la culture, des enjeux environnementaux, du commerce, de la politique... Et plusieurs ne savent pas qu’en faire.

Dans un tel contexte, peut-on faire reproche à ceux qui savent s’organiser? Les reproches, il faut plutôt les diriger vers ceux qui ne tentent pas d’agir en conséquence!

Le 3e Sommet des Amériques, qui fera de Québec un point très chaud du globe pendant une grosse semaine en avril prochain, est un exemple de tentative d’organisation. Une tentative qui choque beaucoup de gens parce qu’elle incarne la capacité d’organisation du monde des affaires, des nantis influents auprès des politiciens, des riches de la planète. Peut-on reprocher aux milieux d’affaires des Amériques de vouloir s’aménager des conditions favorables pour leurs affaires? Au nom de quoi?

Le Sommet des chefs d’État ne sera pas
l’événement le plus important

Ce qu’il faut éventuellement craindre, c’est plutôt l’absence de contrepoids et de contres mesures face à cette initiative. La tenue du Sommet des chefs d’État ne sera pas l’événement le plus important à se tenir en avril à Québec. Ce rendez-vous validera et formalisera des négociations de coulisses préalables qui ont déjà très largement tout décidé à l’avance. C’est vers la tenue, du 16 au 21 avril, du 2e Sommet des peuples qu’il importe de tourner l’attention. Réussira-t-il à organiser le contrepoids populaire? Réussira-t-il à s’approprier une place valable dans le processus de la mondialisation?

Au XIXe siècle, au coeur de la Révolution industrielle, le rôle du mouvement syndical a été déterminant dans l’évolution de ce capitalisme d’abord sauvage vers un capitalisme plus humanisé (fin de l’exploitation des enfants, assurance contre les accidents, amélioration des salaires, etc.). La difficulté du mouvement syndical à s’ajuster au phénomène de la mondialisation, surtout depuis les dernières décennies, est frappante. L’incapacité du syndicalisme à véritablement sortir du carcan des structures nationales prive les travailleurs d’un acteur compétant efficace pour les représenter.

Très peu de gens remarquent qu'à chaque année, quelques jours avant la rencontre au sommet du G7, les leaders syndicaux à l'échelle mondiale rencontrent formellement le leader politique hôte du Sommet. Très peu de gens! Voilà une partie du problème. Qui sont ces leaders syndicaux mondiaux? Dans la population, ils sont plus souvent qu’autrement improvisés. Pour l’instant, l’agriculteur français José Bové fait la joie des médias. Mais à la tête de quoi est-il au juste?

Combien de fois par an entendons-nous l’Organisation internationale du travail répliquer aux actions de l’OMC, du FMI, de la Banque mondiale? Combien de fois par an entendons-nous une «Union mondiale des syndicats» répliquer au lobby de Davos? Jamais, car cette dernière organisation n’existe pas! Il y a bien la Confédération Internationale des Syndicats Libres - dont le siège est à Bruxelles et qui compte déjà plus de 100 millions de membres – actuellement LA voie la plus crédible du milieu syndical sur la planète. Mais qui pourrait déclencher une grève générale mondiale aujourd’hui?

Qui, aujourd’hui, pourrait déclencher
une grève générale mondiale?

Dans la fameuse histoire des Saintes Écritures, c’est le pauvre Lazare dont on retient le nom. Qui connaît le nom du riche? Épulon était le riche. Déjà celui-ci semblait avoir compris tous les avantages de rester dans l’ombre. La lutte à l’exclusion d’aujourd’hui appelle à la transparence. La lutte à l’exclusion doit faire parler les riches avec les pauvres. Et pas sur le ton de la hargne de la dernière tentative Davos-Pôrto Alegre.

Le monde se fait de plus en plus un et la mondialisation appelle aussi à bâtir une «mondialité» avec de nouveaux espoirs pour tous. Actuellement, le processus de mondialisation du marché, de la consommation, de l’exclusion va à l’envers; il faut le remettre droit, sans que ce soit précisément à droite! Réussir mondialement le monde, c’est mondialiser en partage.

L’utopie de la «table partagée» pour toute l’humanité vivra peut-être un moment magique à Québec. Les délégués, plus de 1 500 dit-on, de l’événement parallèle à la rencontre des politiciens grimperont-ils au sommet de l’APPROPRIATION du processus de la mondialisation? Fonderont-ils les bases d’un véhicule qui fera efficacement contrepoids aux organismes patronaux? Le réflexe actuel de la «mondialisation de la résistance» doit être dépassé, pour vite accéder au stade de l’appropriation et des actions plus constructives. Au nom de la paix, de l’équité, de la sauvegarde de la démocratie, souhaitons-le vivement.

Daniel Allard

Rédacteur en chef