Entrevue avec Luciano Dorotea, directeur du Bureau des relations internationales de la Ville de Québec. |
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Entrevue réalisée par Daniel Allard (CMQC)
Avant de faire le point ville par
ville, pouvez-vous nous mettre en contexte et nous expliquer la stratégie
qu'a eu la Ville de Québec en matière de développement de ses relations
internationales depuis votre arrivée à la tête du BRI? L'idée, à partir de là,
n'était pas de partir de zéro mais de commencer par continuer à développer
de vrais partenariats avec les villes avec lesquelles Québec était déjà
liée, et ce, autant sur le plan économique et social que culturel. Avec
nos principaux partenaires régionaux (CCIQM,
SPEQM, OTCCUQ, Université Laval,
PTQM, CCIEQ, etc...) et évidemment le ministère des Relations internationales et le ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec, nous avons aussi voulu travailler
comme une grande équipe... Quant à notre stratégie
envers nos villes déjà partenaires ou de nouvelles villes à éventuellement
ajouter, cela se résumait à poursuivre selon notre approche à trois
niveaux: on commence avec un PACTE
d'AMITIÉ, on progresse avec une ENTENTE
DE COOPÉRATION, puis finalement on se "marie" avec un JUMELAGE
en bonne et dûe forme!... Depuis toujours, le BRI de
la ville a deux volets, vous savez. Le volet protocole (le maire reçoit régulièrement
des personnalités internationales de passage dans la capitale), il nous
sert d'outil pour le volet économique, que nous utilisons pour renforcer
notre dimension internationale. La question de fonds, c'est à quoi cela
sert les relations internationales? Ma réponse est simple: si on n'en
fait pas, on hypothèque le développement économique et social de Québec
et de la région!... Je ne suis évidemment pas seul pour relever ce défi. Trois personnes s'occupent spécifiquement du protocole (Christine Lainé), des relations institutionnelles (Marie-Pierre Dolbec) et des organisations et des événements internationaux (Daniel Perron). Pour le volet économique, j'y accorde personnellement beaucoup de temps et j'ai aussi Yves Dallaire, chargé des affaires économiques et détaché à demi temps auprès du BRI, qui m'aide énormément et qui nous permet d'avoir une équipe avec suffisamment de ressources pour faire le travail." (CMQC)
Allons-y maintenant ville par ville. Résumez-nous l'état actuel de la
situation? La première ville qui,
chronologiquement, nous a donné des signes d'intérêt à développer
davantage le partenariat déjà existant, ce fut Namur, en Belgique. Avec
Namur, nous avons donc convenu de soumettre un Plan d'action pour le 31 décembre
1998. Cela a marché à merveille! Cette méthode nous a conduit à bâtir
un partenariat qui aujourd'hui est d'un dynamisme impressionnant. Vous savez, à Namur, le
comité en charge du jumelage avec Québec se réunit chaque mois! Je n'ai
pas besoin de vous parler beaucoup de la mission économique du maire
L'Allier en Belgique le printemps dernier (voir COMMERCE MONDE #10) et du
passage des belges avec le maire de Namur en tête, lors de La Semaine de Namur à Québec, en octobre dernier, qui a permis de
procéder officiellement à la signature du 5e accord de jumelage de
l'histoire de la ville de Québec. Vous en avez parlé dans votre journal,
je crois (voir COMMERCE MONDE #13 et #14). Et vous avez assisté à la
première, qui a consisté à recevoir toute la délégation namuroise
pour un dîner officiel dans
la salle du Conseil municipal de l'hôtel de ville, un précédent
historique pour la ville de Québec, qui a voulu marquer ainsi son
"mariage" - c'était le mot du maire L'Allier - avec la ville de
Namur. Et en mai 2000, du 28 mai au 4 juin, en fait, il y aura la mission retour, à l'occasion de La Semaine de Québec à Namur, dans le cadre de laquelle nous comptons bien être accompagnés, entre autres, d'une importante délégation de gens d'affaires." (CMQC)
Et après Namur? (Yves Dallaire) "En fait, Bordeaux a constitué un bon banc d'essai pour la cohésion de la région. Avec Bordeaux, le "Jello" a pris, pourrait-on dire! Et effectivement, depuis, nous profitons d'une meilleure cohésion dans la région. Nos partenaires sont devenus habitués maintenant."
(Luciano Dorotea) "Moi, je pense même que c'est une première au niveau de la région! Résultat, sur cette lancée, nous avons pu réussir notre opération en Chine."
(CMQC) Concernant la Chine, maintenant. Visite à Québec de sept officiels de Xi'an en février 1999. Grosse mission de la région de Québec en Chine, en avril, incluant la signature de l'entente de jumelage avec Xi'an par le maire L'Allier. Visite d'une autre mission chinoise, plus technique, à Québec, en juillet. Il était question d'une mission retour à caractère technique, en mars 2000, entre autres avec monsieur Arpin, du Musée de la Civilisation du Québec, pour les suites du projet d'exposition avec les fameuses et précieuses statues de terre cuite Terra cotta. Qu'en est-il? (L. D.) "Surtout grâce à l'importante mission de la région
de Québec que présidait le maire L'Allier en avril dernier, en Chine, on
sait maintenant ce qui se fait. Le Festival des glaces et des neiges de la
ville de Harbin, les relations
scientifiques entre l'Université Laval et la ville universitaire de Changchun. Ce qui est particulièrement
intéressant dans le cas de la Chine, c'est que ce n'est pas seulement la
ville qui a signé l'entente de collaboration, mais nos partenaires de la
région également. L'INO a signé, l'université a signé, le collège Mérici
à signé, le Musée de la Civilisation a signé aussi, etc... D'ailleurs, Roland
Arpin doit effectivement conduire une mission en mars 2000. Je sais
que le Collège Mérici et les gens de l'Université Laval vont aussi en
faire partie. Mais nous, à la ville, nous ne serons pas de ce voyage, même
chose pour la SPEQM, selon mes informations. Le train est en marche et il
ne nous est pas nécessaire de toujours être là! Depuis un an, je sais
par exemple que des ententes de coopération spécifiques ont été signées
avec des partenaires chinois par le Collège Mérici, l'Université
Laval, l'Institut national
d'optique, le Musée de la
Civilisation, au moins. Mais ce qui importe davantage pour la Chine, c'est que nous voulons faire de l'année 2001, l'année de la Chine à Québec: avec en tête la fameuse exposition sur les Trésors de Xi'an, du Musée de la Civilisation." (CMQC)
Québec a aussi un jumelage avec
Calgary? (Y. L.) "Le maire Douwer
vient avec une importante délégation pour le Carnaval de Québec chaque
année. Ils étaient 57 personnes au Carnaval de l'an dernier, environ le
même nombre en 1998 et à date, je sais qu'ils sont 52 de confirmés pour
février 2000... On procède également à des échanges de jeunes. Il y a
aussi ExpoCité qui a une
entente de collaboration avec le Stampeed
Exibition Center..." (CMQC)
Dernier jumelage officiel, Albany? Cela m'amène à vous parler
de la stratégie régionale concernant les États-Unis et l'Amérique
latine. Nous avons récemment tenu une rencontre avec la SPEQM et l'Office du tourisme
et des congrès de la CUQ à ce sujet et nous leur avons alors demandé
de nous dire ce que la Ville de Québec pouvait faire pour les appuyer sur
des territoire prioritaire pour la région de Québec. Réponse: viser
Boston, pour les États-Unis, et organiser également une mission en Amérique
latine pour l'année 2000. Nous allons donc oublier Albany, pour
l'instant! (NOTE: Pour l'Amérique latine, le maire L'Allier présidera une importante délégation de la région dans le cadre de la mission du premier ministre Lucien Bouchard en Argentine et au Chili, en mai 2000.) (CMQC)
Outre
les jumelages (quatre officiellement, mais cinq en réalité!), la ville a
également plusieurs ententes de coopération. Qu'en est-il, brièvement? Concrètement, le président
du Conseil général du département, monsieur Mercier, est venu à Québec en août dernier et il va nous faire
une proposition pour un plan d'action. Ils veulent avoir Robert Lepage et aussi une activité dans le domaine de
l'agroalimentaire. Des choses très concrètes et le dossier avance. Entre Paris et Québec,
l'entente de coopération touche particulièrement les Services
d'environnement de la ville de Québec avec le SIAP de Paris, dans le
domaine spécifique de la gestion des eaux usées. La grosse nouveauté, c'est
l'entente avec la ville africaine de Ouagadougou, la capitale du Burkina
Faso, en Afrique de l'Ouest. J'y ai effectué une première mission,
accompagné du directeur général Serge
Viau, en novembre dernier. Le maire de cette ville - qui, je ne le
sais pas encore, car ils ont des élections en mars -, doit venir à Québec
au printemps prochain. Dans ce cas, c'est un partenariat de coopération
comme l'ACDI l'entend. Une initiative de coopération technique entièrement
financée par un programme spécial de la Fédération
canadienne des municipalités (FCM), dans lequel la Ville de Québec
s'engage uniquement à contribuer en temps. Nous n'avons pas besoin de
mettre un sou en argent, seulement du temps de ressources humaines avec
une expertise en matière de décentralisation, car il s'agit d'un
programme spécifique d'aide à la décentralisation, que l'ACDI a présentement
avec ce pays. Cette initiative découle d'une proposition de la FCM. Les gens de la FCM avaient même une demande de Ouagadougou qui souhaitait un lien avec Québec dans le cadre de ce programme. Ils nous ont fait une proposition et le Conseil de ville l'a acceptée." (CMQC)
Avez-vous
l'intention d'aller plus loin avec Ouagadougou,
par exemple développer quelque chose à long terme comme Lévis
l'a fait avec une ville au Sénégal au début des années 90, ou de
quitter après ce programme spécifique de trois ans? Du côté coopération, on a
donc une réflexion à faire; et ça c'est un créneau nouveau, pour
lequel nous voulons réfléchir avec d'autres partenaires éventuels." (CMQC)
Et les
pactes d'amitié, enfin? Il y a eu une visite du
maire de Cannes à Québec en septembre. Cannes, c'est surtout important
pour le Bureau de film et de la télévision de la région de Québec,
ainsi que pour le Centre des congrès, qui ont d'ailleurs fait des
missions à Cannes depuis. Montevideo, c'est la capitale de l'Uruguay,
mais c'est aussi le siège du Mercosur. Et le maire Mariano
Arana, qui est d'ailleurs venu à Québec pour la signature du pacte
les 2 et 3 octobre dernier avec une délégation de 30 personnes, est
aussi le président de l'organisation du réseau de villes Mercociudades.
Et dans ces deux cas, nous avons simplement répondu à une demande de
leur part. Bergen, c'est un pacte qui découle directement du 1er Sommet mondial de la Nordicité tenu à Québec en février 1999." (CMQC)
Et du
côté des ressources. Comment menez-vous de front tous ces dossiers,
comment priorisez-vous vos ressources? Évidemment, avec dix
partenariats déjà acquis, selon la stratégie en trois temps que privilégie
le maire L'Allier - d'abord un pacte d'amitié, ensuite une entente de
coopération, et ultimement un accord de jumelage - il faut se donner des
objectifs, des priorités et développer selon nos capacités. Mais jusqu'à
maintenant, je peux vous dire que nous réussissons assez bien à répondre
à toutes les demandes. D'ici fin janvier, je vais de toute façon faire une évaluation générale et en profondeur du chemin accompli depuis deux ans et faire rapport au maire. Mon critère principal sera: est-ce que nos interventions ont bien servi nos entreprises et nos partenaires; ont-ils mieux réussi à l'international grâce à notre implication? Ensuite, on va ajuster le tir, s'il le faut." (CMQC)
Vous êtes avec la ville depuis
bientôt deux ans. Serez-vous encore là l'an prochain? (CMQC) Félicitations pour votre nouveau contrat et merci de votre temps. TABLEAU 1
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