Où
vont le Québec et sa capitale?
Entrevue avec Louise Beaudoin, ministre des Relations internationales au Gouvernement du Québec |
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Entrevue réalisée
par Daniel Allard (CMQC)
Madame la ministre, avant de parler de l'avenir, permettez une seule
question sur le passé. Je sais que personne n'admettra l'erreur d'avoir
fermé - je dis bien fermé - autant de délégations en 1996, mais ma
question est de toute façon plus large. Vous en convenez, le mot clé en
diplomatie, c'est "continuité". Et dans votre entrevue récemment
publiée dans le quotidien Le Soleil, vous parlez de la fin du redéploiement
du réseau. Or, on remarque que le Québec se retrouve effectivement plus
ou moins à la case départ, c'est-à-dire la réalité d'avant les
fermetures de 1996, face aux régions du monde à nouveau couvertes par
son réseau. Si on part du principe que c'est rentable pour l'économie du
Québec d'avoir un réseau à l'étranger, pourquoi avoir fermé pour
ensuite réouvrir, à quelques exceptions près, aux mêmes endroits? (CMQC)
Donc, c'est pas rentable les délégations
à l'étranger? Mais faire un vrai calcul économique. D'abord, moi je refuse de prétendre qu'il y a l'économie d'un bord, puis le reste de l'autre. L'économique, la culture, les affaires publiques, enfin etc... Le rayonnement international du Québec, tout ça, est extrêmement inter-relié et nos meilleurs ambassadeurs c'est souvent les culturels, plutôt que les économiques. Alors on ne peut pas faire ce type de calcul. (Reprise après un téléphone important et rappel de la question.) Oui, on a dû fermer des délégations, car tous les ministères devaient faire leur part. On n'avait pas le choix!" (CMQC)
C'était un choix politique de
privilégier l'opinion immédiate de la population sur la scène québécoise,
plutôt que de lui expliquer l'implication à plus long terme d'autant de
fermetures. On a toujours le choix, en politique! Ne croyez-vous pas? (CMQC)
Passons maintenant au futur. Je suis un homme d'affaires, disons de l'île
d'Orléans, qui part à zéro en matière de politique et de commerce
international. Les nombreux programmes d'incitation à l'exportation,
autant fédéraux que du Québec, m'ont allumé. Que dois-je comprendre du
réseau du Québec à l'étranger? De ce qu'il peut faire pour moi? (CMQC)
Permettez-moi de reformuler ma
question. Par rapport au réseau, que devons nous comprendre, à savoir
qui contrôle le volet économique. C'est vous ou Bernard Landry et le
ministère de l'Industrie et du Commerce? (CMQC)
Justement, nous y sommes! Démêlez-nous
ça? (CMQC)
Incluant les commerciaux? (CMQC)
Est-ce que c'est comme ça depuis
les changements qui ont séparé le commerce extérieur d'avec les
relations internationales? (CMQC)
Ils relèvent du MRI. Mais dans le "Day
to day" ? Il n'y a pas de formule idéale dans ce domaine. Écoutez, le commerce extérieur est là, les relations internationales on est ici. Le MRI, dans le fond, doit intégrer toutes les dimensions. Moi, ma job, c'est d'intégrer toutes les dimensions. Il y a une dimension immigration, exemple. J'y suis pas indifférente, je pense! Il y a 30 000 immigrants qui viennent à Montréal. Et je suis en même temps responsable de l'application de la Charte [de la langue française], par dessus le marché! Alors, cela m'interroge... Ce sont tous des ministères sectoriels. La culture, j'en ai été responsable pendant trois ans et la projection de la culture québécoise me préoccupait beaucoup. Le MIC pour la projection économique et commerciale. L'immigration, bon, etc..., mais nous, notre job, c'est d'intégrer tout cela. Puis de dire: les intérêts du Québec dans le monde se résument, en quelque sorte, dans l'intégration faite dans notre ministère." (CMQC)
Supposons que la semaine prochaine, deux femmes d'affaires de l'Est du Québec
ou de la région de Québec - c'est la même chose côté aéroport - vont
à Dorval pour prendre un vol inter-continental quelconque. Elles s'en
vont toutes les deux développer leur entreprise. Le hasard veut que l'une
va trouver parmi les passagers Louise Beaudoin et l'autre Bernard Landry.
Dans la mesure, évidemment, où elles ont toutes les deux le
"guts" d'aller vous parler, laquelle est la plus chanceuse des
deux par rapport à son objectif de développer son entreprise sur les
marchés étrangers? (CMQC)
Dans le quotidien, comment ça se
passe? Avez-vous toujours le réflexe de déléguer au MIC? Vous êtes le
boss du réseau, tout de même. Vous savez comment ça se passe. Quand on
rencontre un ministre dans un avion, après on imagine que les choses vont
pouvoir aller vite... (CMQC)
Donc, vous-êtes en train de me
dire que les gens d'affaires vont être plus chanceux s'ils rencontrent
Bernard Landry? (CMQC)
Ce que
je comprends, finalement, c'est que c'est un trio - vous, monsieur Landry
et monsieur Bouchard - qui se partage le travail! (CMQC)
Expliquez-nous ce qui s'en vient pour l'avenir du réseau des représentations?
L'avenir, c'est quoi? Lorsqu'on regarde la carte du réseau, il semble
qu'il y a des trous, en Afrique, par exemple? (CMQC)
O.K. N'accrochez pas trop sur
l'Afrique! En général, est-ce que le réseau va beaucoup changer dans
les prochaines années? (CMQC)
Pas question d'ouvrir, par exemple,
des antennes en Californie (San Francisco, Silicone Valley, Seattle...)? (CMQC)
Dernière question. Après le
Printemps du Québec à Paris, il y aura donc en 2001 une opération
semblable à New York. Le budget de cette seconde opération sera-t-il
comparable ou plus important? (CMQC)
Croyez-vous que cela sera suffisant
pour obtenir le même succès avec les Américains qu'avec les Français? (Note: les réponses aux questions qui suivent n'ont pas pu être obtenue de la bouche même de la ministre lors de l'entrevue comme telle. Elles furent obtenues après, par l'entremise de l'attaché de presse de madame Beaudoin.) (CMQC)
Le maire de Québec s'est posé en leader face à l'internationalisation
des régions du Québec, en novembre 1998, à Hull, lors d'un important
colloque sur le sujet. À ses yeux, ce "virage essentiel" passe
entre autres par la création de fonds de développement international à
créer dans toutes les régions du Québec n'en disposant pas actuellement
(soit 16 sur 17). Que pensez-vous de cette idée? Le ministère des Relations internationales est ainsi tout disposé à soutenir aux plans stratégique et logistique les régions qui veulent faire du développement à l'international. D'ailleurs, les régions du Québec sont invitées à se doter chacune d'une planification stratégique régionale, à la suite de laquelle une entente cadre est signée avec le gouvernement du Québec. Dans cette entente, les régions doivent cibler leurs objectifs et leurs activités, dont ceux touchant l'international, s'il y a lieu." (CMQC)
Est-ce que pour vous le
gouvernement du Québec doit investir dans le développement d'un seul, de
deux ou de dix-sept pôles d'importance à l'international sur son
territoire? Le ministère des Relations internationales va incidemment remettre pour la première fois, ce printemps, le prix Hector-Fabre, doté d'une bourse de 25 000 $ et qui sera remis à l'organisme régional qui aura mis de l'avant le projet ayant le mieux permis le rayonnement international de sa région." (CMQC)
Des avenues, des outils telle une
formule mixte du genre de Montréal International, rencontrent-elles vos
attentes face l'avenir du rayonnement et du développement à
international de la capitale? Outre l'appui financier et technique qu'il apporte au GRI, le ministère des Relations internationales a présenté, en octobre 1999, son plan d'action pour la capitale nationale, dans lequel il dévoile les grands axes d'intervention qu'il préconise pour mettre en valeur la capitale nationale afin d'en faire une véritable capitale internationale. Entre autres, le MRI a mis sur pied l'Office Québec-Amériques pour la jeunesse (OQAJ), à Québec, au coût de 1 250 000 $, lequel vise des échanges culturels, linguistiques et professionnels des jeunes de 18 à 35 ans des Amériques. Il contribuera également avec l'École nationale d'administration publique (ÉNAP) à la création de l'Institut international de gouvernance appliquée du Québec (IIGAQ), en y injectant une somme de 750 000 $. Le MRI veut de plus mettre en œuvre une stratégie dynamique d'attraction d'organisations et d'événements internationaux dans la capitale nationale au coût de 2 600 000 $. Si on ajoute à cela les opérations régulières du ministère (accueil de dignitaires et de personnalités, missions à l'étranger, promotion à travers le réseau du Québec, etc.), je crois que les éléments de base sont maintenant en place pour répondre aux besoins spécifiques de la région de la capitale nationale en ce domaine." (CMQC)
David Cliche, un de vos collègue
au Conseil des ministres, alors qu'il avait la responsabilité du
tourisme, accordait une grande importance au problème d'insuffisance de
liens aériens internationaux reliant la capitale. Ce n'est pas un dossier
facile, mais il est très stratégique pour la région. Avez-vous déjà
évalué la possibilité de convaincre, par exemple, Air France de s'arrêter
sur Québec, ne serait-ce que pour un ou deux de ses vols quotidiens en
route vers Montréal ou Paris? Ou, autre exemple, Air Afrique, pour
pousser jusqu'à Québec certains de ses vols Abidjan-Dakar-New York? (CMQC)
La ville de Québec à elle seule a
maintenant des relations officielles avec pas moins d'une douzaine de
villes ou de régions dans le monde. Laissez-vous les municipalités du Québec
agir complètement à leur guise à l'international? (CMQC)
Parlez-nous de vos actions récentes
avec le Forum Francophone des Affaires (FFA), particulièrement le
FFA-USA, le nouveau FFA-Atlantique, ainsi que du potentiel de réseautage
sous la même forme avec la francophonie d'affaires dans le reste du
Canada? Autre précision, le FFA-Atlantiques est en fait le chapitre atlantique du FFA-Canada. Il ne s'agit pas d'une nouvelle organisation, mais de la section atlantique du FFA-Canada. Nous entretenons avec ces derniers de bonnes relations. Quant au FFA-USA, il s'agit d'un comité national faisant partie du réseau. C'est donc davantage le FFA-Canada qui entretient les relations avec celui-ci." (CMQC)
"Pouvez-vous nous nommer les noms des CEO de la liste FORTUNE 500 qui
ont été rencontrés, en 1999, par le premier ministre Bouchard, par vous
et par votre collègue Bernard Landry? (CMQC)
Merci! |